ARTICLE DE PRESSE
( paru dans le journal La Montagne,
rubrique : coins de rue : 25 Mai 1996 )
LE SEMINARISTE EST BARAQUE ! ( ARTICLE + PHOTO )
par Jean-François Nouet
photo : Jean-Louis Beltran
Poids
: 100 kg. Taille : 1,83 m. Tour de biceps : 48 cm.
Pascal Girard est un séminariste atypique.
Ce futur prêtre est
champion de force athlétique ! A
l'ASM, on l'a surnommé Schwarzy.
Croix de bois sur pectoraux en béton,
l'apôtre du soulevé de fonte muscle l'image de l'Eglise.
Dans sa voiture, l'image de la Vierge voisine avec une photo de la sculpturale Penny Price, championne de Fitness ! Le séminariste Pascal Girard, 25 ans, s'en explique en souriant : Je préfère regarder une sportive bien faite qu'une femme trop grosse. Sur le tableau de bord, il y a aussi Jésus ( normal ) et Arnold Schwarzenegger ( ? ). Je sais ça fait toujours rigoler. Mais, c'est l'Eglise qui vit avec le monde. En force athlétique, mes modèles sont américains. Ce n'est pas contraire à la foi. Et la croix de bois bien en évidence sur des pectoraux à faire fuir un mécréant ? Ce n'est pas par goût de la provocation. Depuis l'âge de 16 ans, je ne m'en sépare jamais.
La foi du charbonnier
La carrure impressionne, le visage rassure. Pascal Girard est un robuste chrétien dont la gentillesse, la timidité et la franchise le rendent sympathique. Il fait mentir l'expression : tout dans les muscles, rien dans la tête.
Il est né, à Clermont-Ferrand, dans une famille où l'on avait la foi du ... charbonnier. Et pour cause : c'était le métier de ses père et grand père ! Sa vocation s'est affirmée, après des études de chimie, à la faveur d'une retraite dans la communauté des béatitudes, à Nîmes. Pascal Girard a terminé son premier cycle de philosophie ( deux ans ) au grand séminaire Saint Irénée de Lyon. Avant d'entamer un second cycle de quatre ans ( théologie, diaconat ), il est en stage dans la paroisse de Gerzat. A l'église, sa silhouette de débardeur contraste avec celle du curé, le père André Signeret. Entre offices et pèlerinages à Orcival, Pascal entraîne les leveurs de fonte du Sun Club, une association gerzatoise de musculation dont il est le vice-président.
Crédo d'un athlète
Si la foi passe en premier, le sportif n'imagine pas de renoncer aux poids et haltères ni ... de couper ses cheveux longs qui défrisent quelques sourcils chenus. Au Sun Club, le futur curé enfile, sans état d'âme, un pantalon américain pour répéter le développé couché. Pascal Girard est recordman d'Auvergne ( senior ) de cette épreuve puisqu'il pousse 203 kg avec la barre à disques ! Il a été deux fois champion de France ( junior et senior ). Son crédo sportif : lever le plus lourd possible, avec le moins de gras possible, pour être le plus fort.
Et Dieu dans tout ça ? De plus en plus de séminaristes font du sport, explique celui qui cherche le dépassement physique. Footballeur, tennisman, il a pratiqué le judo en compétition à l'ASM. C'est pour être plus fort au judo qu'il a adopté la musculation. A l'ASM on l'avait surnommé Schwarzy, par référence à Arnold Schwazenegger, dieu des culturistes.
La force pour les faibles
L'esprit de compétition ne pose pas de problème à son engagement : en force athlétique, on se bat contre une barre, autrement dit contre soi. Bien sûr, il y a rivalité. Mais, le sport c'est d'abord vivre en amitié. Je ne pourrais pas faire de la boxe ... La carrure de celui qui fut objecteur de conscience, avant d'entrer au séminaire, n'en est pas moins dissuasive. Un plaisantin s'en amuse : s'il me demande as-tu la foi, j'ai envie de répondre oui, oui monsieur. Pascal se prête au jeu : les copains veulent m'envoyer en mission chez les incroyants. Si on l'imagine mal tendre l'autre joue, faut pas exagérer ! il ne roule pas les mécaniques : ma force, dit-il, est une assurance pour la défense des faibles.
Le compétiteur ne fait-il donc jamais une petite prière pour gagner ? Casuistique et humour : Bien sûr que non, car si mon adversaire prie aussi pour me battre, Dieu serait bien embêté ! Justement, que pense Dieu des pousseurs de fonte roulant des biceps devant le miroir ? C'est sûr, qu'en bodybuilding, il y en a qui friment. Mais, si l'on est content d'avoir un corps musclé, ce n'est pas par narcissisme. Sinon, avec le temps qu'on y passe, ce serait du masochisme.
La force athlétique, précise-t-il, vise moins la sculture physique que la
force. Toujours mieux : c'est sa devise sportive et morale. Une fois prêtre,
Pascal exercera son ministère dans le diocèse. Il entend être au service de
tous, sans négliger le milieu sportif où l'Eglise est très peu présente. En
attendant, il donne de la religion une image sportive et branchée. Car Schwarzy
joue aussi du synthétiseur, aime le rock et la photo. Montre nous tes muscles !
le harcèlent les gosses du catéchisme. C'est parfois mieux qu'un sermon quand,
joignant le geste à la parole, il dit : pour être un homme, le muscle le plus
important c'est le coeur !
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