FAMILLE CHRETIENNE /
Rendez-vous ... Luc Adrian
( numéro 1357 / diffusion : Jeudi 15
Janvier 2004 )
PERE PASCAL GIRARD : SCHWARZY CLERGY ! ( ARTICLE + PHOTO )
Le plus jeune prêtre du diocèse de Clermont est aussi un champion du développé couché, un sport de force athlétique.
La poignée de main, déjà, en dit long sur le bonhomme. Musclée. Sa carrure
en V bloque l'entrée du modeste pavillon de Clermont-Ferrand où Pascal Girard
est né il y a trente-trois ans. Le regard bleu rassure un peu, ainsi que le
clergyman qui pète aux entournures sous la tension des pectoraux, biceps et
autres avantages en nature qu'on envie à ce balaise de 120 kg sans trop oser
lui dire.
Dans la cuisine, son père, charbonnier au regard doux, tisse des mots croisés
tandis que sa maman prépare le souper. Les deux mains à plat sur la nappe
plastique, à l'aise dans ses baskets de taekwondo, Pascal Girard, ordonné
prêtre en l'an 2000, évoque avec liberté, durant cette brève journée de
repos, les deux S de sa vie qui s'entrelacent en une seule louange : le sport et
le sacerdoce.
Le sport, d'abord. Ce judoka
découvre à 16 ans la musculation, puis le développé couché, sport de force
qui consiste à descendre, allongé sur un banc, une barre de fonte, puis à la
remonter. Des pompes belges revues par un masochiste. Un sport de fainéant qui
m'offre la décompression, dit l'athlète en riant. Son record : 217,5 kg. Son
rêve : 300 kg. Son espoir : 235 kg, ce 17 Janvier, lors des championnats
régionaux, et un 15° titre toutes catégories. Son objectif : fuir la graisse
et le narcissisme, rechercher la grâce et le muscle.
Le sacerdoce, ensuite et surtout. Dieu, Pascal l'a rencontré quand il était
petit dans la ferveur familiale. Ils ne se sont plus quittés. Rien de plus
naturel, pour lui, que la vocation sacerdotale. Il a reçu l'appel lors d'une
retraite aux Béatitudes. S'il a choisi la voie diocésaine pour être un
prêtre généraliste, il n'oublie pas qu'il a musclé sa Foi dans les
communautés nouvelles. Et comprend mal l'ostracisme dont elles font l'objet
alors que l'état d'urgence devrait être décrété dans des diocèses qui
deviennent des déserts spirituels.
Le Girard des Montagnes ressemble aux monts célébrés par Henri Pourrat : sous
les vertes rondeurs sommeille un volcan. Il s'échauffe lorsqu'il évoque les
blocages d'une Eglise encore empêtrée dans des schémas idéologiques
périmés. Mais aussi ces chrétiens qu'il ne croise qu'une fois l'an et qui se
lamentent : l'Eglise, ça ne bouge pas ! C'est parce que nous n'y êtes pas !,
rétorque le costaud vicaire de Notre Dame de la Source, à Riom.
Hyper-Musclor confesse quelques coups de gueule, quelques coups de sang, et
même un aller-retour à un confrère séminariste qui se moquait de son
clergyman : Je crois aux signes visibles ! Il ne quitte son col romain que dans
les vestiaires du Sun Club de Gerzat où il s'entraîne, coûte que coûte, deux
fois par semaine. On l'y surnomme Schwarzy. C'est une fraternité de sportifs.
La plupart sont très loin de l'Eglise. Mais ils respectent mon ministère.
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