JOURNEES DIOCESAINES DE
LA JEUNESSE
11-21 Août 2011 - MADRID
Rassemblement des jeunes
de 16-30 ans du monde entier ...
MESSAGE DU SAINT-PÈRE
AUX JEUNES DU MONDE À L'OCCASION DE LA XXVIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE
“ Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi " (cf. Col 2, 7)
Chers jeunes,
Très souvent je repense aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Sydney
en 2008. Nous y avons vécu une grande fête de la foi, durant laquelle
l’Esprit de Dieu a agi avec puissance, créant une intense communion
entre tous les participants, venus du monde entier. Ce rassemblement,
comme les précédents, a porté des fruits abondants dans la vie de
nombreux jeunes et de l’Eglise entière. A présent notre regard se
tourne vers la prochaine Journée Mondiale de la Jeunesse, qui aura lieu
à Madrid en août 2011. Déjà, en 1989, quelques mois avant la chute
historique du mur de Berlin, le pèlerinage des jeunes faisait étape en
Espagne, à Saint-Jacques-de-Compostelle. A présent, à l’heure où
l’Europe a un très grand besoin de retrouver ses racines chrétiennes,
nous avons rendez-vous à Madrid, avec le thème: «Enracinés et fondés en
Christ, affermis dans la foi (cf. Col 2, 7) ». Je vous invite donc à
cet événement si important pour l’Eglise en Europe et pour l’Eglise
universelle. Et je voudrais que tous les jeunes, aussi bien ceux qui
partagent notre foi en Jésus Christ, que ceux qui hésitent, doutent ou
ne croient pas en Lui, puissent vivre cette expérience qui peut être
décisive pour leur vie: faire l’expérience du Seigneur Jésus ressuscité
et vivant, et de son amour pour chacun de nous.
1. Aux sources de vos plus grandes aspirations
A chaque époque, et de nos jours encore, de nombreux jeunes sont
habités par le profond désir que les relations entre les personnes
soient vécues dans la vérité et dans la solidarité. Beaucoup
manifestent l’aspiration à construire de vraies relations d’amitié, à
connaître un amour vrai, à fonder une famille unie, à atteindre une
stabilité personnelle et une réelle sécurité, qui puissent leur
garantir un avenir serein et heureux.
Certes, me souvenant de ma jeunesse, je sais bien que stabilité et
sécurité ne sont pas des questions qui occupent le plus l’esprit des
jeunes. S’il est vrai que la recherche d’un emploi qui permette d’avoir
une situation stable est un problème important et urgent, il reste que
la jeunesse est en même temps l’âge de la recherche d’un grand idéal de
vie. Si je pense à mes années d’alors, nous voulions simplement ne pas
nous perdre dans la normalité d’une vie bourgeoise. Nous voulions ce
qui est grand, nouveau. Nous voulions trouver la vie elle-même dans sa
grandeur et sa beauté. Bien sûr, cela dépendait aussi de notre
situation. Durant la dictature du national-socialisme et la guerre nous
avons été, pour ainsi dire, «enfermés» par le pouvoir dominant. Nous
voulions donc sortir à l’air libre et entrer dans toutes les
potentialités de l’être humain. Je crois que, dans un certain sens, cet
élan qui pousse à sortir de l’habitude existe à toutes les générations.
Désirer quelque chose de plus que la routine quotidienne d’un emploi
stable et aspirer à ce qui est réellement grand, tout cela fait partie
de la jeunesse. Est-ce seulement un rêve inconsistant, qui s’évanouit
quand on devient adulte? Non, car l’homme est vraiment créé pour ce qui
est grand, pour l’infini. Tout le reste est insuffisant,
insatisfaisant. Saint Augustin avait raison : notre cœur est inquiet
tant qu’il ne repose en Toi. Le désir d’une vie plus grande est un
signe du fait qu’Il nous a créés, que nous portons son «empreinte».
Dieu est vie, et pour cela, chaque créature tend vers la vie. De façon
unique et spéciale, la personne humaine, faite à l’image et la
ressemblance de Dieu, aspire à l’amour, à la joie et à la paix.
Nous comprenons alors que c’est un contresens de prétendre éliminer
Dieu pour faire vivre l’homme! Dieu est la source de la vie :
l’éliminer équivaut à se séparer de cette source et, inévitablement, se
priver de la plénitude et de la joie: «en effet, la créature sans
Créateur s’évanouit» (Concile Œcum.Vatican II, Const. Gaudium et Spes,
36). La culture actuelle, dans certaines régions du monde, surtout en
Occident, tend à exclure Dieu ou à considérer la foi comme un fait
privé, sans aucune pertinence pour la vie sociale. Alors que toutes
valeurs qui fondent la société proviennent de l’Evangile – comme le
sens de la dignité de la personne, de la solidarité, du travail et de
la famille –, on constate une sorte d’ «éclipse de Dieu», une certaine
amnésie, voire un réel refus du christianisme et un reniement du trésor
de la foi reçue, au risque de perdre sa propre identité profonde.
Pour cette raison, chers amis, je vous invite à intensifier votre
chemin de foi en Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Vous
êtes l’avenir de la société et de l’Eglise! Comme l’apôtre Paul
l’écrivait aux chrétiens de la ville de Colosse, il est vital d’avoir
des racines, des fondements solides! Et cela est particulièrement vrai
aujourd’hui, quand beaucoup de jeunes n’ont pas de repères stables pour
construire leur vie, ce qui engendre en eux une grande insécurité. Le
relativisme ambiant, qui consiste à dire que tout se vaut et qu’il n’y
a aucune vérité ni aucun repère absolu, n’engendre pas la vraie liberté
mais instabilité, déception, conformisme aux modes du moment. Vous, les
jeunes, vous avez le droit de recevoir des générations qui vous
précèdent des repères clairs pour faire vos choix et construire votre
vie, comme une jeune plante a besoin d’un tuteur, durant le temps
nécessaire pour pousser des racines, pour devenir un arbre solide,
capable de donner du fruit.
2. Enracinés et fondés dans le Christ
Pour mettre en lumière l’importance de la foi en Dieu dans la vie des
croyants, je voudrais m’arrêter sur les trois expressions employées par
saint Paul dans cette citation : «Enracinés et fondés en Christ,
affermis dans la foi». Nous pouvons y voir trois images. «Enraciné»
évoque l’arbre et les racines qui le nourrissent. «Fondé» se réfère à
la construction de la maison. «Affermi» renvoie à la croissance de la
force physique ou morale. Ces images sont très parlantes. Avant de les
expliquer, je note simplement que dans le texte original grec, il
s’agit, du point de vue grammatical, de passifs : cela signifie que
c’est le Christ lui-même qui a l’initiative d’enraciner, de fonder et
d’affermir les croyants.
La première image est celle de l’arbre, solidement planté au sol par
ses racines, qui le stabilisent et le nourrissent. Sans racines, il
serait emporté par le vent et mourrait. Quelles sont nos racines? Il y
a bien sûr nos parents, notre famille et la culture de notre pays, qui
constituent un aspect très important de notre identité. La Bible en
dévoile un autre. Le prophète Jérémie écrit : «Béni l’homme qui se
confie dans le Seigneur, dont le Seigneur est la foi. Il ressemble à un
arbre planté au bord des eaux, qui tend ses racines vers le courant: il
ne redoute rien quand arrive la chaleur, son feuillage reste vert; dans
une année de sécheresse, il est sans inquiétude et ne cesse de porter
du fruit.» (Jr 17, 7-8).
Etendre ses racines, c’est donc pour Jérémie mettre sa confiance en
Dieu, dans la foi. En Dieu nous puisons notre vie. Sans lui nous ne
pouvons pas vivre vraiment. «Dieu nous a donné la vie éternelle et
cette vie est dans son Fils» (cf. 1 Jn 5, 11). Et Jésus lui-même se
présente comme notre vie (cf. Jn 14, 6). C’est pourquoi la foi
chrétienne ne consiste pas seulement à croire en des vérités, mais
c’est avant tout (…) une relation personnelle avec Jésus Christ. C’est
la rencontre avec le Fils de Dieu qui donne à notre vie un dynamisme
nouveau. Quand nous entrons dans une relation personnelle avec Lui, le
Christ nous révèle notre propre identité, et, dans cette amitié, la vie
grandit et se réalise en plénitude.
Il y a un moment, durant la jeunesse, où chacun de nous se demande :
quel sens a ma vie? Quel but, quelle direction ai-je le désir de lui
donner? C’est une étape fondamentale, qui peut tourmenter l’âme,
parfois même longtemps. On pense au genre de travail à entreprendre,
aux relations sociales à établir, aux relations sentimentales à
développer … Dans ce contexte, je repense à ma jeunesse. D’une certaine
façon, j’ai bien eu conscience que le Seigneur me voulait comme prêtre.
Mais ensuite, après la guerre, quand au séminaire et à l’université
j’étais en chemin vers ce but, j’ai eu à reconquérir cette certitude.
J’ai dû me demander: est-ce vraiment ma voie? Est-ce vraiment la
volonté du Seigneur pour moi? Serais-je capable de Lui rester fidèle et
d’être totalement disponible, à son service? Prendre une telle décision
ne se fait pas sans souffrance. Il ne peut en être autrement. Mais
ensuite a jailli la certitude: c’est bien cela! Oui, le Seigneur me
veut, Il me donnera donc la force. En l’écoutant, en marchant avec Lui,
je deviens vraiment moi-même. Ce qui importe, ce n’est pas la
réalisation de mes propres désirs, mais Sa volonté. Ainsi, la vie
devient authentique.
De même que l’arbre a des racines qui le tiennent solidement accroché à
la terre, de même les fondations donnent à la maison une stabilité
durable. Par la foi, nous sommes fondés en Christ (cf. Col 2, 6), comme
une maison est construite sur ses fondations. Dans l’histoire sainte,
nous avons de nombreux exemples de saints qui ont fondé leur vie sur la
Parole de Dieu. Abraham est le premier d’entre eux. Notre «père dans la
foi» obéit à Dieu qui lui demandait de quitter la maison de son père
pour marcher vers un pays inconnu. «Abraham crut à Dieu, cela lui fut
compté comme justice, et il fut appelé ami de Dieu» (Jc 2, 23). Etre
fondé en Christ, c’est répondre concrètement à l’appel de Dieu, en
mettant notre confiance en Lui et en mettant en pratique sa Parole.
Jésus lui-même met en garde ses disciples : «Pourquoi m'appelez-vous:
'Seigneur! Seigneur!' et ne faites-vous pas ce que je dis?» (Lc 6, 46).
Et, faisant alors appel à l’image de la construction de la maison, il
ajoute : «Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en
pratique, je vais vous montrer à qui il est comparable. Il est
comparable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé, creusé
profond, et posé les fondations sur le roc. La crue survenant, le
torrent s'est rué sur cette maison, mais il n'a pas pu l'ébranler parce
qu'elle était bien bâtie. Mais celui au contraire qui a écouté et n’a
pas mis en pratique est comparable à un homme qui aurait bâti sa maison
à même le sol, sans fondations. Le torrent s'est rué sur elle, et
aussitôt elle s'est écroulée ; et le désastre survenu à cette maison a
été grand!» (Lc 6, 46-49).
Chers amis, construisez votre maison sur le roc, comme cet homme qui «a
creusé profond». Vous aussi, efforcez-vous tous les jours de suivre la
Parole du Christ. Ecoutez-le comme l’Ami véritable avec qui partager le
chemin de votre vie. Avec Lui à vos côtés, vous serez capables
d’affronter avec courage et espérance les difficultés, les problèmes,
ainsi que les déceptions et les échecs. Sans cesse vous sont présentées
des propositions plus faciles, mais vous vous rendez compte vous-mêmes
qu’il s’agit de leurres, qu’elles ne donnent ni sérénité, ni joie.
Seule la Parole de Dieu nous indique la voie véritable, seule la foi
qui nous a été transmise est la lumière qui illumine notre chemin.
Accueillez avec gratitude ce don spirituel que vous avez reçu de votre
famille et engagez-vous à répondre de façon responsable à l’appel de
Dieu, devenant adultes dans la foi. Ne croyez pas ceux qui vous disent
que vous n’avez pas besoin des autres pour construire votre vie!
Appuyez-vous au contraire sur la foi de vos proches, sur la foi de
l’Eglise, et remerciez le Seigneur de l’avoir reçue et de l’avoir faite
vôtre!
3. Affermis dans la foi
Soyez «enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi» (cf. Col 2,
7). La lettre d’où vient cette citation a été écrite par saint Paul
pour répondre à un besoin précis des chrétiens de la ville de Colosse.
Cette communauté, en effet, était menacée par l’influence de certaines
tendances de la culture de l’époque, qui détournaient les fidèles de
l’Evangile. Notre contexte culturel, chers jeunes, a de nombreuses
ressemblances avec celui des Colossiens d’alors. En effet, il y a un
fort courant «laïciste», qui veut supprimer Dieu de la vie des
personnes et de la société, projetant et tentant de créer un «paradis»
sans Lui. Or l’expérience enseigne qu’un monde sans Dieu est un «enfer»
où prévalent les égoïsmes, les divisions dans les familles, la haine
entre les personnes et les peuples, le manque d’amour, de joie et
d’espérance. A l’inverse, là où les personnes et les peuples vivent
dans la présence de Dieu, l’adorent en vérité et écoutent sa voix, là
se construit très concrètement la civilisation de l’amour, où chacun
est respecté dans sa dignité, où la communion grandit, avec tous ses
fruits. Il y a cependant des chrétiens qui se laissent séduire par le
mode de penser laïciste, ou qui sont attirés par des courants religieux
qui éloignent de la foi en Jésus Christ. D’autres, sans adhérer à de
telles approches, ont simplement laissé refroidir leur foi au Christ,
ce qui a d’inévitables conséquences négatives sur le plan moral.
Aux frères contaminés par ces idées étrangères à l’Evangile, l’apôtre
Paul rappelle la puissance du Christ mort et ressuscité. Ce mystère est
le fondement de notre vie, le centre de la foi chrétienne. Toutes les
philosophies qui l’ignorent, le considérant comme «folie» (1 Co 1, 23),
montrent leurs limites devant les grandes questions qui habitent le
cœur de l’homme. C’est pourquoi moi aussi, en tant que successeur de
l’apôtre Pierre, je désire vous affermir dans la foi (cf. Lc 22, 32).
Nous croyons fermement que le Christ Jésus s’est offert sur la Croix
pour nous donner son amour. Dans sa passion, il a porté nos
souffrances, il a pris sur lui nos péchés, il nous a obtenu le pardon
et nous a réconciliés avec Dieu le Père, nous donnant accès à la vie
éternelle. De cette façon, nous avons été libérés de ce qui entrave le
plus notre vie: l’esclavage du péché. Nous pouvons alors aimer tous les
hommes, jusqu’à nos ennemis, et partager cet amour avec les plus
pauvres et les plus éprouvés de nos frères.
Chers amis, la Croix nous fait souvent peur, car elle semble être la
négation de la vie. En réalité, c’est le contraire! Elle est le «oui»
de Dieu à l’homme, l’expression extrême de son amour et la source d’où
jaillit la vie. Car du cœur de Jésus ouvert sur la Croix a jailli cette
vie divine, toujours disponible pour celui qui accepte de lever les
yeux vers le Crucifié. Je ne peux donc que vous inviter à accueillir la
Croix de Jésus, signe de l’amour de Dieu, comme source de vie nouvelle.
En dehors du Christ mort et ressuscité, il n’y a pas de salut! Lui seul
peut libérer le monde du mal et faire grandir le Royaume de justice, de
paix et d’amour auquel nous aspirons tous.
4. Croire en Jésus sans le voir
Dans l’Evangile est décrite l’expérience de foi de l’apôtre saint
Thomas dans l’accueil du mystère de la Croix et de la Résurrection du
Christ. Thomas fait partie des Douze apôtres. Il a suivi Jésus, il a
été témoin direct des guérisons, des miracles qu’il opérait. Il a
écouté ses paroles. Il s’est senti perdu, face à sa mort. Le soir de
Pâques, le Seigneur est apparu à ses disciples, mais Thomas n’était pas
présent. Et quand il lui a été dit que Jésus était vivant et s’était
montré, il déclara : «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des
clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je
ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai pas!» (Jn 20, 25)
Nous aussi nous voudrions pouvoir voir Jésus, pouvoir parler avec Lui,
sentir encore plus fortement sa présence. Aujourd’hui, pour beaucoup de
personnes l’accès à Jésus est devenu difficile. Ainsi, de nombreuses
images de Jésus sont en circulation, qui se prétendent scientifiques et
lui retirent sa grandeur, la singularité de sa personne. C’est
pourquoi, durant de longues années d’étude et de méditation, a mûri en
moi l’idée de transmettre dans un livre un peu de ce qu’est ma
rencontre personnelle avec Jésus: pour aider quasiment à voir,
entendre, toucher le Seigneur, en qui Dieu est venu nous rencontrer
pour se faire connaître.
Jésus lui-même, en effet, apparaissant de nouveau huit jours après aux
disciples, dit à Thomas: «Porte ton doigt ici: voici mes mains; avance
ta main, et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas incrédule, mais
croyant» (Jn 20, 26-27). Nous aussi nous pouvons avoir un contact
sensible avec Jésus, mettre, pour ainsi dire, la main sur les signes de
sa Passion, les signes de son amour: dans les Sacrements, Il se fait
particulièrement proche de nous, Il se donne à nous. Chers jeunes,
apprenez à «voir», à «rencontrer» Jésus dans l’Eucharistie, là où Il
est présent et proche jusqu’à se faire nourriture pour notre chemin;
dans le Sacrement de la Pénitence, dans lequel le Seigneur manifeste sa
miséricorde en offrant son pardon. Reconnaissez et servez Jésus aussi
dans les pauvres, les malades, les frères qui sont en difficulté et ont
besoin d’aide.
Ouvrez et cultivez un dialogue personnel avec Jésus Christ, dans la
foi. Connaissez-le par la lecture des Evangiles et du Catéchisme de
l’Eglise Catholique. Entrez dans un dialogue avec Lui par la prière,
donnez-lui votre confiance: il ne la trahira jamais! «La foi est
d’abord une adhésion personnelle de l’homme à Dieu; elle est en même
temps, et inséparablement, l’assentiment libre à toute la vérité que
Dieu a révélé» (Catéchisme de l’Eglise Catholique, 150). Ainsi vous
pourrez acquérir une foi mûre, solide, qui ne sera pas fondée
uniquement sur un sentiment religieux ou sur un vague souvenir du
catéchisme de votre enfance. Vous pourrez connaître Dieu et
véritablement vivre de lui, comme l’apôtre Thomas quand il manifeste sa
foi en Jésus en s’exclamant avec force: «Mon Seigneur et mon Dieu!»
5. Soutenus par la foi de l’Eglise, pour être témoins
A ce moment, Jésus s’exclama: «Parce que tu me vois, tu crois. Heureux
ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru» (Jn 20, 28). Il pensait au chemin
de l’Eglise, fondée sur la foi des témoins oculaires, les Apôtres. Nous
comprenons alors que notre foi personnelle en Christ, née d’un dialogue
irremplaçable avec lui, est liée à la foi de l’Eglise : nous ne sommes
pas des croyants isolés, mais, par le Baptême, nous sommes membres de
cette grande famille, et c’est la foi professée par l’Eglise qui donne
assurance à notre foi personnelle. Le Credo que nous proclamons lors de
la Messe du dimanche nous protège justement du danger de croire en un
Dieu qui n’est pas celui que Jésus nous a révélé: «Chaque croyant est
ainsi comme un maillon dans la grande chaîne des croyants. Je ne peux
croire sans être porté par la foi des autres, et par ma foi, je
contribue à porter la foi des autres» (Catéchisme de l’Eglise
Catholique, 166). Remercions sans cesse le Seigneur pour le don de
l’Eglise. Elle nous fait progresser avec assurance dans la foi, qui
nous donne la vraie vie (cf. Jn 20, 31).
Dans l’histoire de l’Eglise, les saints et les martyrs ont puisé au
pied de la Croix glorieuse du Christ la force d’être fidèles à Dieu
jusqu’au don d’eux-mêmes. Dans la foi, ils ont trouvé la force pour
vaincre leurs propres faiblesses et dépasser chaque adversité. Car,
comme le dit l’apôtre Jean : «Quel est le vainqueur du monde, sinon
celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu?» (1 Jn 5, 5). Et la
victoire qui naît de la foi est celle de l’amour. Tant de chrétiens ont
été et sont un témoignage vivant de la force de la foi qui s’exprime
par la charité: ils ont été artisans de paix, promoteurs de justice,
acteurs d’un monde plus humain, un monde selon Dieu. Ils se sont
engagés dans divers domaines de la vie sociale, avec compétence et
professionnalisme, contribuant efficacement au bien de tous. La charité
qui jaillit de la foi les a conduits à un témoignage très concret, en
actes et en paroles: le Christ n’est pas seulement un bien pour
nous-mêmes, il est le bien le plus précieux que nous avons à partager
avec les autres. Et à l’heure de la mondialisation, soyez les témoins
de l’espérance chrétienne dans le monde entier: nombreux sont ceux qui
désirent recevoir cette espérance ! Devant le tombeau de son ami
Lazare, qui était mort depuis quatre jours, et avant de le ramener à la
vie, Jésus dit à Marthe: «Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu» (Jn
11, 40). Vous aussi, si vous croyez, si vous savez vivre et témoigner
de votre foi chaque jour, vous deviendrez instruments pour faire
retrouver à d’autres jeunes comme vous le sens et la joie de la vie,
qui naît de la rencontre avec le Christ!
6. Vers la Journée Mondiale de Madrid
Chers amis, je vous renouvelle l’invitation à venir à la Journée
Mondiale de la Jeunesse à Madrid. Avec une joie profonde, je vous
attends chacun personnellement: le Christ lui-même veut vous affermir
dans la foi par l’Eglise. Le choix de croire en Christ et de le suivre
n’est jamais facile. Il est toujours entravé par nos infidélités
personnelles et par tant de voix qui indiquent des sentiers plus
faciles. Ne vous laissez pas décourager, cherchez plutôt le soutien de
la communauté chrétienne, le soutien de l’Eglise! Au cours de cette
année, préparez-vous intensément au rendez-vous de Madrid avec vos
évêques, vos prêtres et les responsables de la pastorale des jeunes
dans les diocèses, les communautés paroissiales, les associations et
les mouvements. La qualité de notre rencontre dépendra pour une grande
part de la préparation spirituelle, de la prière, de l’écoute commune
de la Parole de Dieu et du soutien mutuel.
Chers jeunes, l’Eglise compte sur vous! Elle a besoin de votre foi
vivante, de votre charité créative et du dynamisme de votre espérance.
Votre présence renouvelle l’Eglise, la rajeunit et lui donne un élan
nouveau. C’est pourquoi les Journées Mondiales de la Jeunesse sont une
grâce non seulement pour vous mais aussi pour tout le Peuple de Dieu.
L’Eglise en Espagne se prépare activement pour vous accueillir et vivre
avec vous la joyeuse expérience de la foi. Je remercie les diocèses,
les paroisses, les sanctuaires, les communautés religieuses, les
associations et les mouvements ecclésiaux, qui travaillent avec
générosité à la préparation de cet événement. Le Seigneur ne manquera
pas de les bénir.
Que la Vierge Marie accompagne ce chemin de préparation! A l’annonce de
l’Ange, elle a accueilli avec foi la Parole de Dieu. Avec foi, elle a
consenti à l’œuvre que Dieu accomplissait en elle. En prononçant son
«fiat», son «oui», elle a reçu le don d’une charité immense, qui la
poussait à se donner tout entière à Dieu. Qu’elle intercède pour chacun
et chacune de vous, afin que durant cette prochaine Journée Mondiale,
vous puissiez grandir dans la foi et l’amour! Je vous assure de ma
pensée paternelle pour vous dans la prière et je vous bénis de tout
cœur.
Du Vatican, le 6 août 2010, fête de la Transfiguration du Seigneur.
BENOIT XVI
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