JOURNEES DIOCESAINES DE
LA JEUNESSE
5 Avril 2009
Rassemblement dans chaque
diocèse des jeunes
de 18-35 ans ...
MESSAGE DU SAINT-PÈRE
AUX JEUNES DU MONDE À L'OCCASION DE LA XXIVe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE
“ Nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant. " (1 Tim 4, 10)
Chers amis,
Le 5 avril, dimanche des Rameaux, nous célébrerons, au niveau
diocésain, la XXIVe Journée Mondiale de la Jeunesse. Tandis que nous
nous préparons à ce rendez-vous annuel, c’est avec beaucoup de
gratitude envers le Seigneur que je repense à la rencontre qui s’est
tenue à Sydney au mois de juillet dernier : rencontre inoubliable
durant laquelle le Saint-Esprit a renouvelé la vie de très nombreux
jeunes venus du monde entier. La joie de la fête et l’enthousiasme
spirituel expérimentés durant ces jours ont été un signe éloquent de la
présence de l’Esprit du Christ. A présent, nous sommes en chemin vers
le rassemblement international prévu à Madrid en 2011, qui aura pour
thème les mots de l’apôtre Paul: « Enracinés et fondés en Christ,
affermis dans la foi » (cf. Col 2,7). En vue d’un tel rendez-vous
mondial des jeunes, nous voulons faire ensemble un parcours de
formation, en réfléchissant en 2009 sur l’affirmation de saint Paul: «
Nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant. » (1 Tim 4, 10) et
en 2010 sur la demande du jeune homme riche à Jésus: « Bon maître, que
dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? » (Mc 10, 17).
La jeunesse, temps de l’espérance
A Sydney, notre attention s’est concentrée sur ce que l’Esprit Saint
dit aujourd’hui aux croyants et en particulier à vous, chers jeunes.
Durant la Messe finale, je vous ai exhortés à vous laisser façonner par
Lui pour être des messagers de l’amour divin, capables de construire un
avenir d’espérance pour toute l’humanité. La question de l’espérance,
en vérité, est au centre de notre vie d’êtres humains et de notre
mission de chrétiens, particulièrement à l’époque actuelle. Nous
ressentons tous le besoin d’espérance, non pas d’une espérance
quelconque, mais d’une espérance solide et fiable, comme j’ai voulu le
souligner dans l’encyclique Spe salvi. La jeunesse en particulier est
un temps d’espérance, parce qu’elle regarde vers l’avenir avec de
nombreuses attentes. Quand on est jeune, on porte en soi des idéaux,
des rêves et des projets; la jeunesse est le temps où mûrissent des
choix décisifs pour le reste de la vie. Aussi, peut-être pour cette
raison, est-ce la saison de l’existence où émergent avec force les
questions de fond: pourquoi suis-je sur cette terre? quel sens a la
vie? que sera ma vie? Et encore: comment atteindre le bonheur? pourquoi
la souffrance, la maladie et la mort? qu’y a-t-il après la mort?
Questions qui deviennent pressantes quand il faut affronter des
obstacles qui parfois semblent insurmontables: difficultés dans les
études, manque de travail, incompréhensions familiales, crises dans les
relations avec les amis ou dans la construction d’un couple, maladie ou
handicap, manque de ressources adéquates suite à la crise économique et
sociale actuelle. On se demande alors: où puiser et comment tenir
vivante dans notre cœur la flamme de l’espérance ?
A la recherche de la “grande espérance”
L’expérience montre que les qualités personnelles et les biens
matériels ne suffisent pas à fonder cette espérance que l’âme humaine
recherche en permanence. Comme je l’ai aussi écrit dans l’encyclique
Spe salvi, la politique, la science, la technique, l’économie et toute
autre ressource matérielle ne sont pas suffisantes à elles seules pour
offrir la grande espérance à laquelle tous aspirent. Cette espérance «
ne peut être que Dieu seul, qui embrasse l'univers et qui peut nous
proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons atteindre » (n.
31). C’est pourquoi une des conséquences principales de l’oubli de Dieu
est l’évident désarroi qui marque nos sociétés, avec ses dimensions de
solitude et de violence, d’insatisfaction et de perte de confiance qui
aboutissent fréquemment à la désespérance. Clair et fort est le rappel
qui nous vient de la Parole de Dieu: « Malheureux est l’homme qui se
confie dans l’homme et dont le cœur se détourne du Seigneur! Il sera
comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le
bonheur » (Jr 17, 5-6).
La crise de l’espérance touche plus facilement les nouvelles
générations qui, dans des contextes socioculturels privés de
certitudes, de valeurs et de solides références, doivent affronter des
difficultés qui semblent supérieures à leurs forces. Je pense, chers
jeunes amis, à tant de vos contemporains blessés par la vie,
conditionnés par une immaturité personnelle qui est souvent une
conséquence d’un vide familial, de choix éducatifs permissifs et
libertaires, et d’expériences négatives et blessantes. Pour certains –
et malheureusement ils sont nombreux – l’issue presque inévitable est
la fuite aliénante vers des comportements à risque et violents, vers la
dépendance de la drogue et de l’alcool, et vers tant d’autres formes de
déséquilibres. Pourtant, même chez ceux qui se trouvent dans des
situations difficiles parce qu’ils ont suivi de « mauvais maîtres », le
désir d’un amour vrai et d’un bonheur authentique ne s’éteint pas. Mais
comment annoncer l’espérance à ces jeunes? Nous savons qu’en Dieu seul
l’être humain trouve sa vraie réalisation. Le premier engagement qui
nous concerne tous est donc celui d’une nouvelle évangélisation qui
aide les nouvelles générations à redécouvrir le visage authentique de
Dieu, qui est Amour. A vous, chers jeunes, qui êtes en recherche d’une
espérance ferme, j’adresse les mêmes paroles que saint Paul adressait
aux chrétiens persécutés de la Rome d’alors: « Que le Dieu de
l’Espérance vous donne en plénitude, à vous qui croyez, la joie et la
paix, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit
Saint. » (Rm 15, 13). Durant cette année jubilaire dédiée à l’Apôtre
des nations, à l’occasion du bimillénaire de sa naissance, apprenons de
lui à devenir des témoins crédibles de l’espérance chrétienne.
Saint Paul, témoin de l’espérance
Se trouvant immergé dans des difficultés et des épreuves de toute
sorte, Paul écrivait à son fidèle disciple Timothée: « Nous avons mis
notre espérance dans le Dieu vivant » (1 Tim 4, 10). Comment était née
en lui cette espérance? Pour répondre à une telle question, nous devons
partir de sa rencontre avec Jésus ressuscité sur la route de Damas. A
l’époque, Saul était un jeune comme vous, d’environ vingt ou vingt-cinq
ans, fidèle observant de la Loi de Moïse et décidé à combattre par tous
les moyens ceux qu’il considérait comme des ennemis de Dieu (cf. Ac 9,
1). Alors qu’il allait à Damas pour arrêter les disciples du Christ, il
fut ébloui par une lumière mystérieuse et s’entendit appeler par son
nom: « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? ». Tombé à terre, il
demanda : «Qui es-tu, Seigneur ?» Et la voix répondit : «Je suis Jésus
que tu persécutes » (cf. Ac 9, 3-5). Après cette rencontre, la vie de
Paul changea radicalement: il reçut le Baptême et devint apôtre de
l’Evangile. Sur le chemin de Damas, il fut intérieurement transformé
par l’Amour divin rencontré dans la personne de Jésus Christ. Un jour,
il écrira : « Ma vie dans la condition humaine, je la vis dans la foi
au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi » (Gal 2, 20).
De persécuteur, il est donc devenu témoin et missionnaire; il fonda des
communautés chrétiennes en Asie Mineure et en Grèce, parcourant des
milliers de kilomètres et affrontant toutes sortes de péripéties,
jusqu’au martyre à Rome. Tout cela par amour du Christ.
La grande espérance est en Christ
Pour Paul, l’espérance n’est pas seulement un idéal ou un sentiment,
mais une personne vivante: Jésus Christ, le Fils de Dieu. Intimement
pénétré de cette certitude, il pourra écrire à Timothée: « Nous avons
mis notre espérance dans le Dieu vivant. » (1 Tim 4, 10). Le « Dieu
vivant » est le Christ ressuscité et présent dans le monde. C’est Lui
la vraie espérance: le Christ qui vit avec nous et en nous, et qui nous
appelle à participer à sa propre vie éternelle. Si nous ne sommes pas
seuls, s’Il est avec nous, ou mieux, si c’est Lui notre présent et
notre avenir, pourquoi avoir peur? L’espérance des chrétiens est donc
de désirer « comme notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie
éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et
en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce
du Saint-Esprit. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, 1817)
Le chemin vers la grande espérance
Chers jeunes, de même qu’il a rencontré un jour le jeune Paul, Jésus
veut rencontrer aussi chacun de vous. Oui, avant d’être notre désir,
cette rencontre est un grand désir du Christ. Mais l’un de vous
pourrait me demander: comment puis-je le rencontrer, moi, aujourd’hui ?
Ou plutôt, de quelle façon Lui s’approche-t-il de moi ? L’Eglise nous
enseigne que le désir de rencontrer le Seigneur est déjà un fruit de sa
grâce. Quand dans la prière nous exprimons notre foi, même si c’est
dans l’obscurité, nous le rencontrons déjà parce qu’Il s’offre à nous.
La prière persévérante ouvre notre cœur pour l’accueillir, comme
l’explique saint Augustin: « Dieu veut que notre désir s’éprouve dans
la prière. Ainsi, il nous dispose à recevoir ce qu’il est prêt à nous
donner » (Lettres 130, 8, 17). La prière est un don de l’Esprit, qui
nous rend hommes et femmes d’espérance, et prier tient le monde ouvert
à Dieu (cf. Enc. Spe Salvi, n. 34).
Donnez de la place à la prière dans votre vie! Prier seul est bien, et
prier ensemble est encore plus beau et plus profitable, parce que le
Seigneur a assuré d’être présent là où deux ou trois sont réunis en son
nom (cf. Mt 18, 20). Il y a de nombreuses façons pour se lier d’amitié
avec Lui: il existe des expériences, des groupes et des mouvements, des
rencontres, des itinéraires pour apprendre à prier et à grandir ainsi
dans l’expérience de la foi. Prenez part à la liturgie de votre
paroisse et nourrissez-vous abondamment de la Parole de Dieu et d’une
participation active aux Sacrements. Comme vous le savez, le sommet et
le centre de l’existence et de la mission de chaque croyant et de
chaque communauté chrétienne est l’Eucharistie, sacrement du salut dans
lequel le Christ se rend présent et donne comme nourriture spirituelle
son propre Corps et son propre Sang pour la vie éternelle. Mystère
vraiment ineffable! Autour de l’Eucharistie naît et grandit l’Eglise,
la grande famille des chrétiens, dans laquelle on entre par le Baptême
et où on est renouvelé constamment grâce au sacrement de la
Réconciliation. Par la Confirmation, les baptisés sont alors affermis
par le Saint-Esprit pour vivre comme d’authentiques amis et témoins du
Christ, tandis que les sacrements de l’Ordre et du Mariage les rendent
aptes à réaliser leurs devoirs apostoliques dans l’Eglise et dans le
monde. L’Onction des malades, enfin, nous fait expérimenter le
réconfort divin dans la maladie et la souffrance.
Agir selon l’espérance chrétienne
Si vous vous nourrissez du Christ, chers jeunes, et vivez immergés en
Lui comme l’apôtre Paul, vous ne pourrez pas ne pas parler de Lui et le
faire connaître et aimer par tant de vos amis et contemporains. Devenus
ses fidèles disciples, vous serez ainsi capables de contribuer à former
des communautés chrétiennes imprégnées d’amour comme celles dont parle
le livre des Actes des Apôtres. L’Eglise compte sur vous pour cet
engagement missionnaire: que les difficultés et les épreuves
rencontrées ne vous découragent pas. Soyez patients et persévérants,
dominant la tendance naturelle des jeunes à la précipitation, à tout
vouloir et tout de suite.
Chers amis, comme Paul, témoignez du Ressuscité! Faites-le connaître à
tous ceux qui, parmi les jeunes et les adultes, sont en recherche de la
« grande espérance » qui donne sens à leur existence. Si Jésus est
devenu votre espérance, dites-le aussi aux autres avec votre joie et
votre engagement spirituel, apostolique et social. Habités par le
Christ, après Lui avoir répondu avec votre foi et lui avoir donné toute
votre confiance, diffusez cette espérance autour de vous. Faites des
choix qui manifestent votre foi: montrez que vous avez compris les
pièges de l’idolâtrie de l’argent, des biens matériels, de la carrière
et du succès, et ne vous laissez pas attirer par ces fausses chimères.
Ne cédez pas à la logique de l’intérêt égoïste, mais cultivez l’amour
du prochain et efforcez-vous de vous mettre vous-mêmes et vos capacités
humaines et professionnelles au service du bien commun et de la vérité,
toujours prêts à répondre « à qui vous demande raison de l’espérance
qui est en vous » (1 Pi 3, 15). Le chrétien authentique n’est jamais
triste, même s’il se trouve à devoir affronter diverses épreuves, parce
que la présence de Jésus est le secret de sa joie et de sa paix.
Marie, Mère de l’Espérance
Que saint Paul soit pour vous un modèle sur cet itinéraire de vie
apostolique, lui qui a alimenté sa vie par une foi et une espérance
constantes en suivant l’exemple d’Abraham, à propos duquel il écrivait
dans la lettre aux Romains: « Espérant contre toute espérance, il crut
et devint ainsi le père d’une multitude. » (Rm 4, 18). Sur les traces
du peuple de l’espérance – formé des prophètes et des saints de tous
les temps – nous continuons à marcher vers la réalisation du Royaume,
et sur notre chemin spirituel, la Vierge Marie, Mère de l’Espérance,
nous accompagne. Celle qui a incarné l’espérance d’Israël, qui a donné
au monde le Sauveur et qui est restée ferme dans l’espérance au pied de
la Croix, est pour nous un modèle et un soutien. Par-dessus tout, Marie
intercède pour nous et nous guide de l’obscurité de nos difficultés à
l’aube radieuse de la rencontre avec le Ressuscité. Je voudrais
conclure ce message, chers jeunes amis, en faisant mienne la belle et
célèbre exhortation de saint Bernard, inspirée par le titre de Marie
Stella Maris, Etoile de la mer: « Toi donc, qui que tu sois en ce
monde, ballotté par les flots à travers bourrasques et ouragans plutôt
que marchant sur la terre ferme, si tu ne veux être englouti par la
tempête: ne quitte pas des yeux cet astre étincelant. Que se lèvent les
vents des tentations, que surgissent les écueils de l’adversité:
regarde l’étoile, invoque Marie… Dans les périls, dans les angoisses,
dans les situations critiques: pense à Marie, invoque Marie… En la
suivant, tu es sûr de ne pas dévier; en l’implorant, de ne pas
désespérer; en pensant à elle, de ne pas te tromper. Si elle te
soutient, tu ne tomberas pas; si elle te protège, tu n’auras pas à
craindre; si elle te conduit, tu ne connaîtras pas la fatigue; avec son
aide tu parviendras au but » (Homélies sur les gloires de Marie, 2, 17).
Marie, Etoile de la mer, guide toi-même les jeunes du monde entier à la
rencontre de ton divin fils Jésus, et sois aussi la gardienne céleste
de leur fidélité à l’Evangile et de leur espérance !
En vous assurant de ma prière quotidienne pour chacun de vous, chers
jeunes, je vous bénis de tout cœur, ainsi que les personnes qui vous
sont chères.
Du Vatican, le 22 février 2009
BENOIT XVI
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