JOURNEES DIOCESAINES DE
LA JEUNESSE
11-12 Avril 1987 - BUENOS AIRES
Rassemblement des jeunes
de 18-35 ans du monde entier ...
MESSAGE
DU PAPE
MESSAGE DU SAINT-PÈRE
AUX JEUNES DU MONDE À L'OCCASION DE LA IIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE
“ Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru " (1Jn 4,16)
Chers jeunes, mes amis,
Dans le continent de l’espérance
1. Le 8 juin dernier, j’ai eu
l’immense joie d’annoncer que la prochaine Journée Mondiale de la
Jeunesse sera célébrée à Buenos Aires le dimanche des Rameaux 1987. Ce
sera le moment où, avec l’aide de Dieu, j’accomplirai ma visite
apostolique aux pays du cône sud américain: Uruguay, Chili et
Argentine. A Buenos Aires j’aurai la grande joie de rencontrer non
seulement les jeunes d’Argentine, mais aussi beaucoup d’autres jeunes
venant de tout le continent latino-américain et des autres pays du
monde. Dans cette rencontre tant attendue, nous nous sentirons tous en
communion de prière, d’amitié et de fraternité, de par notre
responsabilité et notre engagement avec les autres jeunes qui, réunis
autour de leurs pasteurs, célébreront cette Journée dans toutes les
Eglises locales du monde; nous nous sentirons en union également avec
tous ceux qui cherchent Dieu d’un cœur sincère et désirent consacrer
leurs énergies juvéniles à la construction d’une nouvelle société plus
juste et plus fraternelle. Il est significatif que cette fois le lieu
central de la célébration de la Journée Mondiale de la Jeunesse soit la
terre latino-américaine, peuplée en majorité de jeunes, animateurs et
futurs protagonistes du «continent de l’espérance», comme on l’a
appelé. L’Eglise d’Amérique Latine qui, à Puebla de los Angeles
(Mexique), a proclamé son «option préférentielle pour les jeunes», se
prépare à une «nouvelle évangélisation» pour retrouver ses racines et
rajeunir la tradition et la culture chrétiennes de ses populations au
seuil du «demi-millénaire» de sa première évangélisation. Si notre
regard se porte sur elle, il s’étend aussi aux quatre points cardinaux
et notre parole veut appeler les jeunes à se réunir, du Nord et du Sud,
de l’Est et de l’Ouest, eux qui seront les hommes et les femmes de l’an
2000 et que l’Eglise reconnaît et accueille avec espérance.
L’homme ne peut vivre sans amour
2. Le thème de cette Journée
Mondiale nous met devant les yeux le témoignage de l’apôtre Jean
lorsqu’il s’écrie: «Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et
nous y avons cru» (1Jn 4,16). A ce sujet, je voudrais vous rappeler une
pensée que j’ai exprimée dans ma première Encyclique: «L’homme ne peut
vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un être incompréhensible et
sa vie est privée de sens s’il ne reçoit pas la révélation de l’amour,
s’il ne rencontre pas l’amour, s’il n’en fait pas l’expérience et s’il
ne le fait pas sien, s’il n’y participe pas fortement» (Redemptor
hominis, 10). Et combien plus cette réalité vaut-elle pour les jeunes
qui vivent une période particulière de responsabilité et d’espérance,
de développement de la personne, de détermination du sens, des grands
idéaux et projets de vie, d’aspiration à la vérité et aux voies de
l’authentique bonheur! C’est à ce moment là que l’on éprouve le plus le
besoin de se sentir reconnu, soutenu, écouté et aimé. Vous savez bien,
au plus profond de vos cœurs, que les satisfactions que procure un
hédonisme superficiel sont éphémères et ne laissent dans l’âme que du
vide; qu’il est trompeur de s’enfermer dans la carapace de son égoïsme;
que toute indifférence et scepticisme vont à l’encontre des nobles
aspirations à un amour sans frontières; que les tentations de la
violence et des idéologies qui nient Dieu ne peuvent conduire qu’à des
impasses. Puisque l’homme ne peut vivre ni se comprendre sans amour, je
veux vous inviter tous à croître en humanité, à donner priorité absolue
aux valeurs de l’esprit, à vous transformer en «hommes nouveaux»,
reconnaissant et acceptant de plus en plus la présence de Dieu dans
votre vie, la présence d’un Dieu qui est Amour; d’un Père qui aime
chacun de nous de toute éternité, qui nous a créés par amour et qui
nous a aimés jusqu’à livrer son Fils unique pour le pardon de nos
péchés, pour nous réconcilier avec Lui, pour vivre avec Lui une
communion d’amour qui ne finira jamais. La Journée Mondiale de la
Jeunesse doit donc nous préparer tous à accueillir ce don de l’amour de
Dieu qui nous transforme et nous sauve. Le monde attend avec anxiété
notre témoignage d’amour, un témoignage issu d’une profonde conviction
personnelle et d’un acte sincère d’amour et de foi dans le Christ
ressuscité. C’est cela que signifie connaître l’amour et croire en lui.
Dieu vous appelle à l’unité et à la solidarité
3. Nos célébrations auront
également une franche dimension communautaire, exigence inéluctable de
l’amour de Dieu et de la communion de ceux qui se sentent fils du même
Père, frères en Jésus-Christ et unis par la puissance de l’Esprit.
Parce que vous faites partie de la grande famille des rachetés et que
vous êtes membres vivants de l’Eglise, vous expérimenterez pendant
cette Journée l’enthousiasme et la joie de l’amour de Dieu qui vous
appelle à l’unité et à la solidarité. Cet appel ne fait acception de
personne. C’est au contraire une convocation qui dépasse les frontières
et s’adresse à tous les jeunes sans distinction, qui fortifie et
renouvelle les liens unissant les jeunes. Dans ces conditions, il faut
que se fassent particulièrement vifs et opérants les liens avec les
jeunes qui souffrent du chômage, qui vivent dans la pauvreté ou la
solitude, qui se sentent mis en marge ou portent la lourde croix de la
maladie. Que ce message d’amitié parvienne également à ceux qui
n’acceptent pas la foi religieuse. La charité ne transige pas avec
l’erreur, mais va toujours à la rencontre de tous pour ouvrir les
chemins de la conversion. Quelles belles et lumineuses paroles nous
adresse à ce propos saint Paul dans son hymne à la charité! (cf. 1 Co
13). Qu’elles soient pour vous un programme de vie et d’engagement
résolu pour votre présent et votre avenir! L’amour de Dieu qui a été
répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5,5) doit nous
sensibiliser aux menaces manifestes de la faim et de la guerre, aux
disparités scandaleuses entre les minorités opulentes et les peuples
pauvres, aux atteintes portées aux droits de l’homme et à ses légitimes
libertés, entre autres la liberté religieuse, aux manipulations
effectives et virtuelles de sa dignité. J’ai vivement et fortement
ressenti la présence et la prière des jeunes à l’occasion de la Journée
Mondiale de prière pour la paix célébrée le 27 octobre à Assise, à
laquelle ont participé les représentants des diverses confessions
chrétiennes et religions du monde. Plus que jamais, il faut que les
énormes progrès scientifiques et technologiques de notre temps soient
orientés, avec sagesse, à la lumière de l’éthique, vers le bien de tout
l’homme et de tous les hommes. La gravité, l’urgence et la complexité
des problèmes et des défis actuels exigent des nouvelles générations
capacité et compétence dans les divers domaines, mais, au-dessus des
intérêts et des visions partielles, il faut placer le bien intégral de
l’homme, créé à l’image de Dieu et appelé à une destinée éternelle.
Dans le Christ nous ont été révélés en plénitude l’amour de Dieu et la
sublime dignité de l’homme. Que Jésus soit la «pierre angulaire» (cf.
Eph 2,20) de vos vies et de la nouvelle civilisation que vous aurez à
construire dans un esprit de généreuse solidarité et de partage. Il ne
peut y avoir d’authentique croissance humaine dans la paix et la
justice, dans la vérité et la liberté, sans la présence du Christ et de
sa puissance salvatrice. La construction d’une civilisation de l’amour
requiert des caractères forts et persévérants, prêts au sacrifice et
désireux d’ouvrir de nouvelles voies de fraternité, qui dépassent les
divisions et les divers matérialismes. C’est là une responsabilité des
jeunes d’aujourd’hui qui seront les hommes et les femmes de demain, à
l’aube du troisième millénaire chrétien.
Mettez-vous en marche!
4. Dans l’attente joyeuse de
notre rencontre, je vous souhaite à tous une préparation spirituelle
approfondie qui accroisse le dynamisme ecclésial de cette Journée.
Mettez-vous en marche! Que votre itinéraire soit jalonné par la prière,
L’étude, le dialogue, le désir de conversion et de vie meilleure.
Marchez unis les uns aux autres dans vos paroisses et communautés
chrétiennes, dans vos associations et mouvements apostoliques. Soyez
dans une attitude d’accueil et d’attente, en harmonie avec le temps de
l’Avent qui commence. La liturgie de ce premier dimanche nous rappelle,
par les paroles de saint Paul, «le moment dans lequel nous vivons» et
nous exhorte à «nous dépouiller des œuvres de ténèbres» et à nous
«revêtir du Seigneur Jésus-Christ» (cf. Rm 13,11-14). J’adresse à tous
les jeunes du monde mon salut affectueux et cordial. Tout
particulièrement aux jeunes d’Argentine. J’ai suivi avec grand intérêt
vos pèlerinages annuels au sanctuaire de Notre-Dame de Luján et la
Rencontre nationale des jeunes l’an dernier à Córdoba, de même que la
mise en œuvre de l’«option jeunesse» sur laquelle s’est concentrée
pendant des années la pastorale d’ensemble de l’Episcopat argentin.
Depuis ma première visite à votre pays en 1982, si marquée par la
souffrance et l’espérance, je connais votre engagement pour la
construction de la paix dans la justice et la vérité. Je sais par tout
cela que vous collaborerez avec enthousiasme à la préparation de la
Journée à Buenos Aires, que vous serez présents à cette rencontre avec
le Pape et que vous saurez accueillir avec une généreuse hospitalité,
avec amitié et esprit de partage, les jeunes d’autres pays qui veulent
participer à cette fête en s’engageant profondément avec le Christ,
avec l’Eglise, sur la voie de la nouvelle civilisation de la vérité et
de l’amour. J’invite tous les jeunes gens et jeunes filles du monde à
célébrer avec une intensité et une espérance particulières la Journée
Mondiale de la Jeunesse, le prochain dimanche des Rameaux 1987. Je
confie la préparation et les fruits de cette Journée à Marie, la jeune
Vierge de Nazareth, L’humble servante du Seigneur qui a cru à l’amour
du Père et nous a donné le Christ, «notre Paix» (cf. Eph 2,14). Chers
jeunes, mes amis, soyez les témoins de l’amour de Dieu, semeurs
d’espérance et artisans de paix. Au nom du Seigneur Jésus, je vous
bénis avec toute mon affection.
Du Vatican, le 30 novembre 1986, premier dimanche de l’Avent.
JEAN-PAUL II
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