THIERRY ZEMIS
Un sympathique champion français des années 80 ...
POWERLIFTING PALMARES
10° CHAMPIONNAT DU MONDE OPEN - 110 kg IPF : 1986
11° CHAMPIONNAT DU MONDE OPEN - 110 kg IPF : 1987
5° CHAMPIONNAT D'EUROPE OPEN - 110 kg IPF : 1987
CHAMPION DE FRANCE OPEN - 110 kg FFFA : 1988
VICE-CHAMPION DE FRANCE OPEN - 110 kg FFFA : 1987
6° CHAMPIONNAT DE FRANCE OPEN - 90 kg FFFA : 1984
Record Personnel SQUAT - 110 kg : 330 kg
Record Personnel BENCHPRESS - 110 kg : 200 kg
Record Personnel DEADLIFT - 110 kg : 295 kg
Record Personnel TOTAL - 110 kg : 800 kg
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INTERVIEW ( pour le site : septembre 2012 )
PG :
Thierry peux-tu nous donner quelques renseignements sur toi …
TZ : Je suis marié et père de 2 enfants
(sportifs). J’ai une activité paramédicale
TZ : Je suis sportif dans l’âme, de part mon
éducation. En effet, mon père qui était enseignant nous a toujours incité à
pratiquer une activité sportive, ce qui m’a amené à pratiquer le tennis de
table (sélectionné au championnat de France benjamin), puis le cyclisme pendant
quelques années. J’ai ensuite découvert l’athlétisme et en particulier les
lancers qui m’ont amenés à la musculation où rapidement j’ai poussé des barres
honorables.
TZ : Quand j’ai rejoint la fac pour faire mes
études de kiné, j’ai cherché une salle de « muscu », la plus proche
de mon logement étudiant fut l’athlétique club Monsois, dirigé par les frères
Chabeau. Pascal Chabeau me voyant pousser 250 kg en squat et plus de 150 kg en
DC m’a proposé de participer à une compétition de force athlétique pour
remplacer un athlète blessé. J’ai accepté et là, j’ai battu mes 4 premiers
records de France en -90 kg espoir (sqt, DC, ST et total). C’est là que la
passion pour la force a commencée. Ont suivis un premier championnat de France
à La Ricamarie (1984, 6°), suivi des championnats de France à Mons en Baroeul
85, où je fais 2° derrière Fruleux, à l’époque l’un des meilleurs Français du
DC, à ces France je mets pour la 1° fois 300 kg au squat chez les seniors -90kg
alors que je ne suis encore qu’espoir, une des meilleures performance européenne
de l’époque. Ensuite se sont enchaînés les championnats du monde et d’Europe,
avec des places entre 5° et 10°. J’ai terminé ma carrière par un titre de
champion de France à Viry Chatillon en 1988.
TZ : L’ambiance de la force athlétique des
années 80 était si je puis dire une ambiance « bon enfant ». Les
stars de l’époque ne se prenaient jamais au sérieux, les internationaux comme
Brulois, Pollet, Buch, Lagache… (je ne peux les citer tous, qu’ils m’en
excusent), étaient des gens abordables qui discutaient avec les jeunes,
donnaient des conseils (pas toujours bons !). En effet la force athlétique
était une spécialité où les techniques d’entraînement n’étaient pas encore très
académiques. Dans toutes les compétitions où nous nous retrouvions c’étaient
toujours avec beaucoup de fairplay que nous nous faisions « le
match ».
TZ : Dans les champions internationaux qui m’ont
impressionné, il y a a eu Bill KAZMAIER, qui était physiquement très
impressionnant et le 1° à 300 kg en DC (sans maillot), ensuite Fred Hattfield
dit Docteur Squat contre qui j’ai en la chance de tirer en -110 kg à la haye en
Hollande, Hattfield le 1° homme à +400 kg en squat en -110 kg. Et enfin un
athlète dont la carrière fut brève, mais qui pour moi fut l’un des plus gros
potentiel sur les 3 mouvements, un suédois du nom de Lars NOREN (champion du
monde + 125, 422,5 squat, 250 DC Raw, 405 ST) avec une masse musculaire
phénoménale.
En France il y a deux athlètes uniquement qui m’ont
impressionnés : Jean Pierre Brulois en squat, même sur ses barres record,
on avait l’impression qu’il pouvait mettre plus. Et enfin, André Pollet mon
adversaire et ami en -110 kg. André était fort pour le DC, avec 222 en -110
sans maillot (équivalent à +300kg avec les maillots actuels)
TZ : Mon meilleur souvenir de compétition fut
les championnats de France d’Armentières, j’étais dans « la forme de ma
vie », je revenais des championnats d’Europe à Birmingham, où j’avais fini
5° en ayant raté ma compétition (contre perf au squat et au ST). Je voulais
battre le record de France au squat que je détenais déjà avec 322 kg, ainsi que
celui du total et surtout battre mon éternel rival qui n’avait pas été
sélectionné à Europe, mon ami André Pollet. Pour cela, j’avais réussi à
l’entraînement 340 kg en squat, 217 kg au DC et 325 au ST, ce qui me mettait
très largement favori. Pour être sur d’être le meilleur je décidais de perdre
un peu de poids pour jouer sur ce tableau là en plus (sachant que Pollet était
à la limite des 110 kg). J’arrivais à la pesée à 106,6 kg et là, surprise,
Pollet était lui aussi à 106,6 kg ! Nous fîmes un superbe match en squat
où nous battîmes tous les deux le record de France au squat avec 330 kg (nous avons été déclarés codétenteur du
record, fait historique à l’époque !) Par contre, après le squat André a
explosé son record au DC et je me suis écroulé au ST (seulement 285 kg). Ma
perte de poids m’avait été fatale… Mais quelle belle compétition, quel beau
souvenir !!!
PG :
As-tu une anecdote surprenante que tu as vécue en compétition ?
TZ : J’ai une anecdote effectivement qui a
beaucoup amusé ma famille. Après la qualification pour participer à mes
premiers championnats du monde en Hollande un article était paru dans la presse
régionale avec en gros titre : « ZEMIS : Bon pour les championnats
du monde à La Haye ». Cet article avait été découpé et affiché dans
l’usine dans laquelle un de mes oncles du nom de ZEMIS était ingénieur, c’était
quelqu’un de très mince, se collègues l’avaient à l’époque bien chambré sur sa
« qualification ».
TZ : Le record de France qui me vient à l’esprit
coïncide avec le jour de mon anniversaire. En effet, le jour de mes 24 ans, je
me suis offert le record de France en squat en -110 kg détenu par Pierre
Couteau qui était à 320 kg et que j’ai établi à 325 kg, ce fût un beau cadeau…
TZ : J’ai toujours été un technicien de
l’entraînement. Mes entraînements étaient calculés sur des cycles de 10
semaines après une montée de barre. Travail en séries de 3 et séries de 5. 5
entraînements, 1 jour de repos, temps de récup long entre chaque série lourde.
Travail systématique des groupes synergiques après les exercices de base (sqt,
DC, ST) et surtout jamais un entraînement manqué en 10 ans de compétition !
TZ : Effectivement, j’avais mis au point un
entraînement spécifique en DC, basé sur une séance lourde dans laquelle je
faisais 1 série de 3, 3 séries de 5 et une série de 10, suivi 4 jours après
d’une séance légère basée sur l’explosivité à 65% du max de la semaine. 5
séries de 4 reps en ayant un démarrage le plus rapide possible.
TZ : La nutrition était dans les années 80 moins
pointue qu’aujourd’hui. Je savais que j’avais besoin de protéines pour faire du
muscle, d’hydrates de carbone pour l’énergie. Je consommais donc l’équivalent
de 2 poulets par jour et plus de 2 kg de pâtes, répartis sur 5 repas, ce qui me
permettait de m’entraîner 3 à 4 heures par jour en me maintenant à plus de 110
kg pour 1m76
TZ : Je connais peu la force d’aujourd’hui. Il
m’est donc difficile d’émettre une opinion entre 80 et 2012
TZ : Il faut 10 ans d’entraînement pour acquérir
un potentiel musculaire qui permette d’être performant, je dirai que les 2 vertus
nécessaires pour devenir un champion sont la patience en 1° lieu et ensuite la persévérance.
Il n’y a pas de « miracle » qui permette de devenir un champion en 1
an, si ce n’est en empruntant des chemins qui conduisent en enfer….
TZ : Comme pour le squat ou le ST, je pense que
le maillot en DC est plutôt positif. En effet, le maintien qu’il procure au niveau de la ceinture scapulaire,
épargne les tendons et les ligaments, et évite les déchirures musculaires des deltoïdes
antérieurs et du grand pectoral qui étaient très fréquent dans les années 80.
De plus les performances étant explosées de plus de 30%, on a le plaisir de soulever
des charges lourdes plus rapidement, ce qui est encourageant quand on démarre
le DC. Je rejoins Louis SIMMONS du Westside Barbel quand il préconise
l’utilisation du maillot à l’entraînement à titre de protection.
TZ : En effet j’ai repris l’entraînement mais je
n’ai plus « l’œil du tigre » qui est nécessaire pour gagner. Comme je
ne conçois pas une compétition uniquement pour participer, je ne reprendrai pas
la compétition. Aujourd’hui l’entraînement me permet simplement de garder une
masse musculaire qui maintien mes articulations et ainsi oublier un peu mon
arthrose ! J’ai repoussé péniblement 160 kg au bench (RAW) ce qui ne vaut
plus grand-chose !
TZ : Effectivement je souhaiterai conclure en
saluant celui qui fut certainement en France le MONSIEUR force athlétique, un
passionné de la 1° heure, que j’ai suivi pendant très longtemps, qui fut de toutes
les fédérations et a survécu à tous les schismes politico sportifs :
Pascal CHABEAU, qui apparemment est toujours là, bon pied bon œil et toujours
en compétition. Encore merci à toi Pascal sans qui ne j’aurai jamais connu les
joies d’une carrière sportive internationale et je ne suis pas le seul dans ce
cas.
Enfin, merci à toi Pascal GIRARD pour ce beau site qui
retrace l’histoire d’un superbe sport, dans lequel beaucoup d’athlètes ont
montré que le véritable esprit sportif existe et existera toujours. Appât du
gain et force athlétique ne vont pas de pair, c’est ce qui permettra un jour
peut être que la force athlétique devienne un sport Olympique (je crois aux
miracles).
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