LAURENCE MANFREDI
La plus grande championne du lancé du poids française avec 21 titres nationaux et des participations aux Jeux Olympiques, championnats du Monde. L'hiver elle a participé aux compétitions de bobsleigh, avec le premier podium européen français dans cette discipline, elle s'est essayée à la voile, à l'haltérophilie et s'est essayée au Développé Couché en 2005 à la FFHMFAC ...
ATHLETISME PALMARES
15° DES JEUX OLYMPIQUES LANCER DU POIDS CIO : 2000
21° DES JEUX OLYMPIQUES LANCER DU POIDS CIO : 2004
13°
CHAMPIONNAT DU MONDE LANCER DU POIDS INDOOR : 1999
14°
CHAMPIONNAT DU MONDE LANCER DU POIDS INDOOR : 2003
21°
CHAMPIONNAT DU MONDE LANCER DU POIDS INDOOR : 1997
5° CHAMPIONNAT D'EUROPE LANCER DU POIDS INDOOR : 2007
7° CHAMPIONNAT D'EUROPE LANCER DU POIDS INDOOR : 2009
Championne des Jeux de la
Francophonie du lancer de poids : 1997
3° des Jeux de la Francophonie du lancer de poids : 2001
Championne de France de lancer du poids indoor : 1995-2000, 2002, 2004-2007
Championne de France de lancer du poids outdoor : 1997-2007
RECORD DE FRANCE Lancer du poids indoor : 18,69 m
RECORD DE FRANCE Lancer du poids outdoor : 18,68 m
Record personnel Lancer du disque : 48,88
m
2° COUPE D'EUROPE DE BOBSLEIGH FEMININ A 2 : 2008
Record personnel Benchpress - 82,5 kg : 100 kg
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INTERVIEW ( Florian Gaudin-Winer pour athle.com )
Laurence Manfredi : “Entrer en finale m'a décomplexée”
A Birmingham, lors des Championnats d'Europe en salle, les
lanceurs français ont été à la fête. Gaëtan Bucki, Jessica Cérival et
Laurence Manfredi se sont, tous trois, hissés en finale. Nul doute que cette
dernière n'était pas la moins heureuse du trio. Car, à 32 ans, la Gapençaise
avait toujours échoué aux portes du “top 8” lors des grands championnats,
souvent d'un rien. Le 4 mars, elle a rompu la malédiction grâce à un jet à
18,02 m. Une performance qui lui a offert la 5e place, à un poil du podium (14
cm). Avec son franc-parler habituel, elle revient sur ce week-end de rêve et
sur une préparation hivernale plus qu'atypique.
FGW : Laurence Manfredi, avec le recul, avez-vous des
regrets d'être passée si près du podium européen à Birmingham ?
LM : Non, aucun. Si j'avais des regrets par rapport à tout ce que je
n'ai pas pu faire au cours de ma carrière, il y a longtemps que je me serais
arrêtée. Ce qui fait la spécificité d'un athlète de haut niveau, ce sont
les charges d'entraînement qu'il arrive à assumer. Mais aussi sa capacité à
tourner très vite la page.
FGW : Mais une telle occasion se représentera-t-elle un
jour ?
LM : Vu les saisons qui se profilent avec tout l'argent qu'il y a à
gagner en meeting l'été, je pense que oui. Beaucoup d'athlètes continueront
à faire l'impasse sur la saison en salle. Enchaîner salle et été, c'est
très difficile. Il n'y a aucune valorisation de l'indoor. Ca ne compte pas pour
faire partie des listes ministérielles de haut niveau ou pour bénéficier
d'aides personnalisées. Donc je ne vais surtout pas donner la priorité à
l'hiver. Mais si j'étais un jour championne du monde en salle, ça serait quand
même exceptionnel pour moi. Je ne cracherais pas dans la soupe.
FGW : Comment aviez-vous préparé ces Championnats
d'Europe ?
LM : Je n'avais aucun objectif précis. J'ai bouffé beaucoup de
préparation foncière mais j'ai très peu lancé. Depuis 1998, je passe une
grande partie de l'hiver à faire du bobsleigh. Je suis la pilote du bob à deux
de l'équipe de France. J'espère un jour participer aux Jeux Olympiques si on
me laisse ma chance. Cet hiver, je suis partie en stage à Lillehammer en
Norvège et un mois à la Plagne.
FGW : Après cette préparation originale, vous avez tout
de même lancé le poids aux Championnats de France...
LM : Ca s'est passé très moyennement. Comme 90% des Français, j'ai eu
la grippe. Ca m'a mise en vrac. Une heure avant la finale, j'hésitais encore à
participer. J'ai finalement lancé à 17,26 m, une perf pas du tout
satisfaisante. Etant donné que je n'avais aucun objectif particulier, je ne
savais même pas que j'avais réalisé les minimas pour Birmingham. Une heure
après la fin du concours, le coordonnateur des lancers, Thierry Christel, m'a
demandé si je voulais participer aux Championnats d'Europe. J'ai dit non. Mais
il m'a finalement convaincu en m'expliquant qu'il m'avait trouvée vraiment
saignante lors d'un stage en Afrique du Sud quelques semaines plus tôt.
FGW : Finalement, vous n'avez pas dû regretter le
déplacement...
LM : Mes 17,63 m lors des qualifications m'ont permis d'entrer en finale.
Ca m'a totalement décomplexée. J'ai passé tant d'années à échouer aux
portes des finales malgré mon investissement et tous les sacrifices que j'avais
pu faire. J'avais si souvent manqué de réussite. Après la finale, j'ai
surtout pensé à moi et à mon entraîneur Jacques Pelgas. Le dimanche, tout
était pour lui. Je suis rentrée en France très fière de moi. Il y avait
aussi un sentiment de revanche. Par rapport à ceux qui m'ont critiquée, qui
m'ont mis la tête sous l'eau. Il ne faut jamais enterrer les gens avant leur
mort. Moi, il m'a seulement fallu un peu plus de temps qu'aux autres pour
y arriver.
FGW : Comment expliquez-vous la réussite des lanceurs
français à Birminigham ?
LM : Comme je l'ai dit tout à l'heure, les athlètes sont aujourd'hui
obligés de planifier différemment leur saison pour être compétitifs l'été.
Mais il y a bien sûr aussi les effets de la lutte contre le dopage. Nous, les
Français, on s'est décomplexés parce que le niveau est devenu plus
accessible. Ca ne m'a jamais amusé de me prendre 2,50 m dans la vue par
plusieurs filles.
FGW : Avez-vous l'impression que les silhouettes se sont
affinées près des aires de lancer ?
LM : Non, de ce côté-là, ça n'a pas changé. Mais j'ai remarqué que
certaines filles sont beaucoup moins toniques qu'avant. A Birmingham, il y avait
beaucoup de temps d'arrêt et de fautes d'anticipation. Et on dit souvent qu'on
a la technique de son physique. Après la finale, l'Espagnol Manuel Martinez, un
lanceur à plus de 21 m, est venu me voir. Il m'a dit : “Tu n'es pas
championne d'Europe mais, sur le plan technique, tu fais partie des meilleures
au monde.” Ca m'a fait super plaisir.
FGW : Après la finale, vous avez expliqué que voir
l'Italienne Assunta Legnante en tête du concours vous avait surmotivée.
Pourquoi ?
LM : Ca m'a donné la pêche car je l'ai toujours trouvée très
arrogante. Elle adore écraser ses adversaires. Je comprends parfaitement
l'italien et je peux vous dire qu'elle est très vulgaire. Je suis compétitive
donc je me suis dit qu'il fallait que j'aille la chercher. Vous savez, quand on
est athlète, on s'accroche à ce que l'on peut pour se motiver.
FGW : Revenons sur votre passion pour le bobsleigh.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce sport ?
LM : C'est complètement différent de l'athlétisme puisqu'il y a une
prise de risque monumentale. On comptabilise un ou deux décès par an. Au
lancer du poids, à part se prendre l'engin dans la tronche... Donc ce n'est pas
la même dose de stress. Et, bien sûr, c'est un sport d'équipe. J'avais besoin
d'un peu de changement. Au bout de dix ans de carrière, on commence à entrer
dans une certaine routine. Ca m'a permis d'en sortir et de me donner un petit
challenge personnel. Et puis, j'aime avoir de grosses frayeurs. L'ambiance est
aussi très différente de celle de l'athlétisme.
FGW : C'est-à-dire ?
LM : En bobsleigh, tout le monde dépend de tout le monde. Il faut rester
courtois et poli avec ses coéquipiers. C'est l'entraide permanente. Par
exemple, tout simplement, on ne peut pas retourner seul un bob. Ca crée des
liens, les gens sont très soudés. La preuve avec ce qui m'est arrivé à
Lillehammer. Lors d'une descente, mon bob s'est retourné au 14ème virage, en
fin de parcours. Je suis tombée et je me suis retrouvée à finir sur mon
casque, la tête à l'envers. On m'a demandé si je voulais redescendre tout de
suite. Je suis repartie à fond, aussi fort qu'avant. Et j'ai fini saine et
sauve. De nombreuses équipes nationales étaient présentes. Après la
descente, tout le monde m'a applaudi pour avoir osé repartir. En athlé, ce
genre de choses n'existent pas. Il y a une telle rage que les athlètes
rêvent plutôt que leur adversaire principal se casse une jambe (rires).
FGW : Quels sont vos objectifs pour cet été ?
LM : Il faut que je retrouve de bons indices de force pour pouvoir
atteindre les 18,50 m-19 m. A Birmingham, j'étais 30% en dessous de ce que
j'étais capable de réaliser en 2004. Ces deux dernières années, j'ai été
beaucoup blessée et j'ai perdu du poids. Et pour lancer loin, il faut être
lourde. J'espère me qualifier pour les Mondiaux d'Osaka.
FGW : Vous avez 32 ans. La retraite sportive, vous
commencez à y penser ?
LM : Pas du tout. Je ne me fixe aucune limite. Le poids est une
discipline à maturité tardive. Je n'ai pas fini d'apprendre et de m'exprimer.
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