MGR JACQUES NOYER : PASSIONNE DE LA PETITE REINE !

L'heure est aux gestes symboliques. Mardi, promu journée sans voitures, Mgr Jacques Noyer, évêque d'Amiens, a décidé de renoncer à son mode de déplacement professionnel habituel pour enfourcher son vélo. « C'est un brin gadget. Je n'en fais pas un engagement mais il faut aider aux prises de conscience. On ne pourra continuer longtemps avec le tout voiture dans les villes. L'écologie est liée à la tradition biblique », souligne-t-il.

Direction de ce jour, la maison diocésaine, distante de deux kilomètres de son domicile picard. Cette pratique n'a pourtant rien d'exceptionnel pour l'évêque chargé de présider le Comité épiscopal du tourisme et des loisirs, notamment responsable de la pastorale du sport. La passion du deux-roues date de son enfance. « J'étais enfant de choeur, rappelle-t-il. Mes parents m'ont offert mon premier vélo pour que j'aille à l'église par mes propres moyens pour... servir la messe. »

Jeune prêtre dans le Boulonnais, Mgr Noyer renonce temporairement au vélo pour un modeste cyclomoteur. « Les côtes étaient trop fortes », avoue-t-il. Mais la quarantaine venant, et désormais en poste dans la région d'Arras, moins pentue, le curé itinérant décide de revenir à la petite reine. Pour garder la forme. Et avec des temps forts. Ainsi, chaque été, l'évêque quitte les pistes cyclabes urbaines pour une grande randonnée.

« J'adore découvrir les paysages en allant à mon rythme. Je n'ai jamais été tenté par les exploits. Quand je suis seul, à bicyclette, je ressens la joie d'être sous le regard de Dieu. Je lui confie les soucis d'un évêque. Le récit de la Genèse et certains psaumes me reviennent à l'esprit », explique-t-il. Et la pratique du vélo favorise les bonnes rencontres. Comme celle de ces agriculteurs : découvrant que le cyclotouriste qu'ils accueillaient était aussi évêque, ils engagèrent un débat sur l'Eglise. Ou encore ces deux motards, reconnaissant leur pasteur, et décidant de l'escorter un moment.

Au-delà de l'anecdote, Mgr Noyer plaide pour des citadins luttant plus efficacement contre les embouteillages, synonymes de perte de temps et de pollution. « Lorsque je rencontre des paroissiens, je promeus souvent le covoiturage pour aller à la messe du dimanche. Tout ce qui favorise la convivialité et le bon voisinage ne peut être que positif. Je rencontre un succès relatif. Chacun préfère encore rester enfermé derrière sa carrosserie », regrette Mgr Noyer. Voilà pourquoi l'évêque à la petite reine a choisi de prêcher par l'exemple.

                  article rédigé par Robert Migliorini pour la revue : La Croix 23/09/98