JEAN PAUL II : LE SPORTIF DE DIEU !

    Vingt ans de pontificat. 7 septembre 1986. Le Pape au pied du mont Blanc. Le « sportif de Dieu » n'a jamais renoncé à la montagne. Depuis sa jeunesse, Karol Wojtyla est un passionné des cimes. Même devenu Pape, il a continué à pratiquer le ski et l'alpinisme pour se ressourcer. Jusqu'en 1994, chaque hiver, il s'échappait du Vatican pour aller skier aux environs de Rome. .

Bref moment au cours d'une visite de Jean-Paul II en Val d'Aoste, sur le versant italien du Mont-Blanc. L'hélicoptère se pose sur le glacier de la Brenva, juste en dessous du plus haut sommet d'Europe. Le Pape en descend, fait quelques pas sur la grande étendue blanche. Et s'arrête, lève les yeux vers l'immensité du ciel. Quelques journalistes preneurs d'images sont là. Ils saisissent sur son visage une expression où se mêlent plénitude et jubilation.

Celui que le cardinal Marty surnomma un jour « le sportif de Dieu » ( C'était au Parc des Princes, le 1er juin 1980, lors de la première visite de Jean-Paul II à Paris. ) entretient avec la montagne un rapport intense. Jeune prêtre à Cracovie, il part avec des jeunes pour de longues randonnées dans les Tatras, à la frontière de la Tchécoslovaquie. Il y pratique le ski l'hiver. « C'est le plus efficace des médecins exerçant sans diplôme », aurait-il plaisanté un jour. Jamais, il ne renoncera à se ressourcer sur les sommets. Même une fois devenu Pape.

Pendant les quinze premières années de son pontificat, une ou deux fois chaque hiver, il s'échappe du Vatican pour aller skier incognito aux environs de Rome. Ce n'est qu'en 1994, sa santé se dégradant, qu'il sera contraint d'y renoncer, à l'âge de 74 ans. Mais, chaque été, il continue à prendre une ou deux semaines de vacances alpines, alternativement dans les Dolomites et dans le Val d'Aoste.

Un homme peut témoigner de ce dialogue du Pape avec les sommets. Mgr Alberto Careggio, 60 ans, évêque de Chiavari (sur la côte ligure) depuis 1995, était prêtre dans le Val d'Aoste lorsque, en 1987, Jean-Paul II vint pour la première fois séjourner dans la région. Passionné d'alpinisme, don Alberto fut chargé de guider le Pape sur les sentiers.

Lorsqu'il est en excursion, le Pape ne refuse jamais d'échanger quelques mots avec les promeneurs qu'il croise. Mais, avant tout, il cherche le recueillement. « Etre quelques pas derrière lui et le voir marcher en tête avec sa canne, contemplant et méditant en silence, m'a rappelé l'image du Bon Pasteur qui montre le chemin et aperçoit l'horizon avant les autres », racontait récemment Mgr Careggio au quotidien catholique italien Avvenire. « De temps en temps, il s'arrête, lève les yeux et, sans dire un mot, nous montre quelque chose. Il voit et cherche à nous faire voir. C'est un grand « théologien de la montagne ». »

La prière est constamment présente dans les randonnées de Jean-Paul II. Et plus particulièrement quand vient l'heure de midi, celle de l'Angélus. Là, il s'arrête pour le réciter avec ses compagnons de promenade. « Ce n'est pas plus ou moins à midi. Mais à midi pile. Une fois, cela nous a obligés à prier sur des rochers au milieu d'un gué, et le torrent n'était pas si tranquille... »

                  article rédigé pour la revue : La Croix 12/10/98