JOURNEES DIOCESAINES DE LA JEUNESSE
 
12 Avril 1992
Rassemblement dans chaque diocèse des jeunes de 18-35 ans ...

 

                            MESSAGE DU PAPE                

      MESSAGE DU SAINT-PÈRE AUX JEUNES DU MONDE À L'OCCASION DE LA VIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

                “ Allez dans le monde entier et proclamez l’Evangile " (Mc 16, 15)

Très chers Jeunes,

1. Le Seigneur a béni d’une façon vraiment extraordinaire, la VIe Journée Mondiale de la Jeunesse, célébrée au mois d’août dernier auprès du Sanctuaire de Jasna Góra à Częstochowa. En venant vous annoncer le thème de la prochaine Journée, je retourne en pensée à ces moments merveilleux, et je rends grâce à la divine Providence pour les fruits spirituels que cette Rencontre Mondiale a portés non seulement à l’Eglise, mais à l’humanité tout entière.

Combien je voudrais que se répande partout le souffle de l’Esprit Saint que nous avons senti à Częstochowa! En ces jours inoubliables, le Sanctuaire Marial était devenu le cénacle d’une nouvelle Pentecôte, avec ses portes grandes ouvertes vers le troisième Millénaire. Une fois encore, le monde a pu voir l’Eglise si jeune et si missionnaire, pleine de joie et d’espérance.

J’ai éprouvé un bonheur immense à voir tant de jeunes qui, pour la première fois, se sont trouvés ensemble, venant de l’Est et de l’Ouest, du Nord et du Sud, unis par l’Esprit Saint dans le lien de la prière. Nous avons vécu un événement historique, un événement dont la portée salvifique incommensurable a ouvert une nouvelle étape dans le chemin de l’évangélisation dont les jeunes sont les protagonistes.

Nous voici donc arrivée à la VIIe Journée Mondiale de la Jeunesse 1992. Comme thème de cette année j’ai choisi les paroles du Christ: «Allez dans le monde entier et proclamez l’Evangile» (Mc 16,15). Ces paroles, adressées aux Apôtres, atteignent, à travers l’Eglise, tous les baptisés. Comme on le voit facilement, il s’agit d’un thème lié intimement à celui de l’année dernière. Le même Esprit qui nous a faits fils de Dieu nous pousse à l’évangélisation. La vocation chrétienne implique, en effet, une mission.

A la lumière du mandat missionnaire que le Christ nous a confié, se révèlent avec plus de clarté le sens et l’importance des Journées Mondiales de la Jeunesse dans l’Eglise. Par leur participation à ces rassemblements, les jeunes veulent confirmer et renforcer leur propre «oui» au Christ et à son Eglise; ils répètent, avec les paroles du prophète Isaïe: «Me voici, envoie-moi!» (cf. Is 6,8). Ce fut là précisément le sens du rite d’envoi qui a eu lieu à Częstochowa, lorsque j’ai remis des cierges allumés à quelques-uns de vos représentants, en invitant tous les jeunes à porter dans le monde la lumière du Christ. Oui, à Jasna Góra – sur le «Mont Clair» – l’Esprit Saint a allumé une lumière qui est un signe d’espérance pour l’Eglise et pour toute l’humanité.

2. L’Eglise est, par sa nature, une communauté missionnaire (cf. Ad gentes, 2). Elle vit constamment dans la tension de cet élan missionnaire qu’elle a reçu de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte: «Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins» (Ac 1,8). L’Esprit Saint est, en effet, le protagoniste de toute la mission ecclésiale (cf. Redemptoris missio, III).

Par conséquent, la vocation chrétienne, elle aussi, est tendue vers l’apostolat, vers l’évangélisation, vers la mission. Tout baptisé est appelé par le Christ à devenir son apôtre dans son propre milieu de vie et dans le monde: «Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jn 20,21). A travers son Eglise, le Christ vous confie la mission fondamentale de communiquer aux autres le don du salut, et vous invite à participer à la construction de son Règne. Il vous choisit, malgré les limites de chacun, parce qu’il vous aime et il a confiance en vous. Cet amour du Christ, si inconditionnel, doit être l’âme même de votre apostolat, selon les paroles de saint Paul: «L’amour du Christ nous presse» (2Co 5,14).

Etre disciples du Christ n’est pas un fait privé. Au contraire, le don de la foi doit être partagé avec les autres. C’est pourquoi le même Apôtre écrit: «Prêcher l’Evangile en effet n’est pas pour moi un titre de gloire; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je ne prêchais pas l’Evangile!» (1Co 9,16). N’oubliez pas, d’ailleurs, que la foi se fortifie et croit lorsque précisément on la donne aux autres (cf. Redemptoris missio, 2).

3. «Allez dans le monde entier»

Les terres de mission où vous êtes appelés à œuvrer ne se situent pas nécessairement dans les pays lointains; elles peuvent se trouver dans le monde entier, même dans vos milieux de vie quotidienne. Dans les pays de la plus ancienne tradition chrétienne, il y a aujourd’hui un besoin urgent de remettre en lumière l’annonce de Jésus par le moyen d’une nouvelle évangélisation; il y a encore une multitude largement répandue de personnes qui ne connaissent pas le Christ ou qui le connaissent peu. Nombreux sont ceux qui, pris dans les mécanismes du sécularisme et de l’indifférentisme religieux, se sont éloignés du Christ (cf. Christifideles laici, 4).

Le monde des jeunes constitue lui-même une terre de mission pour l’Eglise contemporaine. Tous connaissent les problèmes qui tourmentent les milieux de la jeunesse: la chute des valeurs, le doute, le consumisme, la drogue, la délinquance, l’érotisme, etc. Mais il y a en même temps chez tout jeune une grande soif de Dieu, qui se cache parfois derrière une attitude d’indifférence ou même d’hostilité. Combien de jeunes, égarés et insatisfaits, sont allés à Częstochowa pour donner à leur propre vie un sens plus profond et décisif! Combien sont venus de loin – non seulement du point de vue géographique – même sans être baptisés! Je suis sûr que pour la vie de nombreux jeunes la rencontre de Częstochowa a été une forme de «préparation évangélique»; pour certains, elle a marqué même un tournant essentiel, l’occasion d’une conversion authentique.

La moisson est abondante! Et pourtant, tandis qu’il y a tant de jeunes qui cherchent le Christ, il y a encore peu d’apôtres capables de l’annoncer d’une façon qui inspire la confiance. Nous avons besoin de tant de prêtres, de maîtres et d’éducateurs dans la foi, mais nous avons besoin aussi de jeunes animés d’esprit missionnaire, parce que «les jeunes doivent devenir les premiers apôtres des jeunes, en contact direct avec eux, exerçant l’apostolat par eux-mêmes et entre eux» (Apostolicam actuositatem, 12). C’est là une pédagogie fondamentale de la foi. Voilà donc la grande tâche qui vous incombe!

Le monde d’aujourd’hui lance de nombreux défis à votre engagement ecclésial. En particulier, l’écroulement du système marxiste dans les pays de l’Europe centrale et orientale et, comme conséquence, l’ouverture de nombreux pays à l’annonce du Christ, constituent un nouveau signe des temps auquel l’Eglise est appelée à donner une réponse adéquate. De même, l’Eglise cherche les voies qui permettent de surmonter les barrières de nature diverse qui restent dans beaucoup d’autres pays. Il y faut absolument l’élan et l’enthousiasme que vous, précisément, très chers jeunes, vous pouvez offrir à l’Eglise.

4. «Proclamer l’Evangile»

Annoncer le Christ veut dire avant tout être ses témoins par la vie. Il s’agit de la forme d’évangélisation la plus simple et, en même temps, la plus efficace dont vous disposez. Elle consiste à manifester la présence visible du Christ dans sa propre existence, à travers l’engagement quotidien et la cohérence avec l’Evangile de tout choix concret. Aujourd’hui le monde a besoin avant tout de témoins croyables. Vous, chers jeunes, qui aimez tant l’authenticité des personnes et qui condamnez presque instinctivement toute sorte d’hypocrisie, vous êtes prêts à offrir au Christ un témoignage limpide et sincère.

Témoigner donc votre foi, à travers aussi votre engagement dans le monde. Le disciple du Christ n’est jamais un observateur passif et indifférent devant les événements. Au contraire, il se sent responsable de la transformation de la réalité sociale, politique, économique et culturelle.

Annoncer, en outre, veut dire précisément proclamer, se faire porteur aux autres de la Parole du salut. Beaucoup de personnes rejettent Dieu par ignorance. Il y a, en effet, beaucoup d’ignorance en ce qui concerne la foi chrétienne, mais il y a aussi un désir profond d’écouter la Parole de Dieu. Et la foi naît de l’écoute. Saint Paul écrit: «Comment croire sans d’abord l’entendre? Et comment entendre sans prédicateur?» (Rm 10,14). Annoncer la Parole de Dieu, chers jeunes, ne revient pas seulement aux prêtres ou aux religieux; cela vous revient aussi à vous. Vous devez avoir le courage de parler du Christ dans vos familles, dans votre milieu d’étude, de travail ou de loisirs; vous devez être animés de la ferveur même des Apôtres lorsqu’ils affirmaient: «Nous ne pouvons pas ne pas publier ce que nous avons vu et entendu» (Ac 4,20). Vous non plus, vous ne devez pas vous taire! Il y a des lieux et des situations où vous êtes seuls à pouvoir porter la semence de la Parole de Dieu.

N’ayez pas peur de proposer le Christ à celui qui ne le connaît pas encore. Le Christ est la vraie réponse, la réponse la plus complète à toutes les questions qui concernent l’homme et son destin. Sans lui, l’homme reste une énigme sans solution. Ayez donc le courage de proposer le Christ! Certes, il faut le faire avec le respect qui est dû à la liberté de conscience de chacun, mais il faut le faire (cf. Redemptoris missio, 39). Aider un frère ou une sœur à découvrir le Christ, Voie, Vérité et Vie (cf. Jn 14,6), c’est un vrai acte d’amour envers le prochain.

Parler de Dieu, aujourd’hui, ce n’est pas une tâche facile. Souvent on rencontre un mur d’indifférence, et même une certaine hostilité. Combien de fois vous serez tentés de répéter avec le prophète Jérémie: «Ah, Seigneur Dieu, vois, je ne sais pas porter la parole: je suis jeune!». Mais Dieu répond toujours: «Ne dis pas: ‘Je suis jeune’! Mais va vers tous ceux à qui je t’enverrai» (Jr 1,6-7). Donc, ne vous découragez pas, parce que vous n’êtes jamais seuls. Le Seigneur ne manquera pas de vous accompagner, comme il l’a promis: «Moi, je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde» (Mt 28,20).

5. «Allez dans le monde entier et proclamez l’Evangile»

Le thème de la VIIe Journée Mondiale de la Jeunesse vous invite aussi à regarder l’histoire des peuples, en particulier l’histoire de leur évangélisation.

Dans certains cas il s’agit d’une histoire très ancienne, dans d’autres c’est, au contraire, une histoire récente. Mais c’est merveilleux, le dynamisme avec lequel justement les Eglises plus jeunes croissent dans la foi, enrichissant le patrimoine spirituel de l’Eglise universelle tout entière.

A l’occasion de cette Journée, très chers jeunes du monde entier, je vous invite à réfléchir, à la lumière de la foi, sur les figures des apôtres et missionnaires qui furent les premiers à lever la Croix du Christ dans vos pays. Cherchez de tirer de leur exemple le zèle et le courage pour mieux confronter les défis de notre temps.

Avec reconnaissance pour le don de la foi qu’ils ont porté aux peuples, ayez la volonté d’assumer en première personne la responsabilité de l’héritage de la Croix du Christ, que vous êtes appelés à transmettre aux générations futures.

A ce propos, je désire adresser un encouragement spécial aux jeunes du Continent de l’Amérique Latine, où cette année on célèbre le Ve Centenaire de la première évangélisation. Cet événement, qui est d’une grande importance pour l’Eglise entière, est pour vous une occasion de remercier le Seigneur pour la foi qu’il vous a donnée et pour renouveler votre engagement devant les défis de la nouvelle évangélisation, au seuil du troisième Millénaire.

6. La publication de ce Message inaugure le chemin de préparation spirituelle à la célébration de la prochaine Journée Mondiale de la Jeunesse, qui vous réunira autour de vos Evêques, le jour du Dimanche des Rameaux.

Le caractère ordinaire de la célébration ne doit pas signifier, cependant, un engagement mineur. Au contraire, je vous invite, vous, les jeunes et les animateurs de la pastorale de la jeunesse, en même temps que les responsables des mouvements, associations et communautés ecclésiales, à intensifier votre effort, afin que ce chemin se transforme en une véritable école d’évangélisation et de formation apostolique.

J’espère que de nombreux jeunes, garçons et filles, voudront consacrer leur propre vie au Christ et à son Eglise, comme prêtres, religieux et religieuses, ou bien comme laïcs disposés à quitter leur propre pays pour se rendre là où deviennent plus rares les ouvriers de la vigne du Christ. Ecoutez donc attentivement la voix du Seigneur qui, aujourd’hui encore, ne cesse de vous appeler, comme il appela Pierre et André: «Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes» (Mt 4,19).

A l’approche de l’an 2000, l’Eglise sent la nécessité d’un élan missionnaire renouvelé et, pour cela, elle met en vous, très chers jeunes, un grand espoir. N’oubliez pas de remercier chaque jour l’Esprit Saint qui continue d’allumer tant de foyers d’engagement apostolique dans l’Eglise d’aujourd’hui. Les communautés paroissiales vivantes et dynamiques en constituent un terrain très fertile, comme aussi les associations, les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés qui croissent et se répandent avec une telle abondance de charismes, surtout dans les milieux de jeunes. C’est là un nouveau souffle que l’Esprit Saint donne à notre temps: combien je voudrais voir ce souffle entrer dans la vie de chacun d’entre vous!

Je confie à Marie, Reine des Apôtres, la célébration de la Journée Mondiale de la Jeunesse 1992. Qu’elle vous enseigne que, pour porter Jésus aux autres, il n’est pas nécessaire d’accomplir des gestes extraordinaires, mais qu’il faut tout simplement avoir un cœur tout plein d’amour pour Dieu et pour les autres, un amour qui nous pousse à partager les trésors inestimables de la foi, de l’espérance et de la charité.

Que vous accompagne, très chers jeunes, tout le long du chemin de préparation à la VIIe Journée Mondiale de la Jeunesse, ma spéciale Bénédiction Apostolique.

Du Vatican, le 24 novembre 1991, Solennité de N. S. Jésus-Christ, Roi de l’Univers.

                                                                     JEAN-PAUL II

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