PIERRE GALLART

         Un palmarès exceptionnel pour ce champion des 56 kg : 10 titres mondiaux ... 

                                                        PALMARES            PHOTOS            INTERVIEW

                                  BENCHPRESS PALMARES

           CHAMPION DU MONDE MASTER 2 - 56 kg IPF : 2001 2002 2003
           CHAMPION DU MONDE MASTER 3 - 56 kg IPF : 2004
2005 2007 2008  
           CHAMPION DU MONDE MASTER 3 - 60 kg IPF : 2006    
           CHAMPION DU MONDE MASTER 4 - 59 kg IPF : 2016    
           CHAMPION DU MONDE MASTER 4 - 66 kg IPF : 2018 ( Raw )    
      VICE-CHAMPION DU MONDE MASTER 3 - 56 kg IPF : 2009 
      VICE-CHAMPION DU MONDE MASTER 4 - 59 kg IPF : 2017

                 CHAMPION D'EUROPE MASTER 2 - 56 kg EPF : 1998 1999 2000
                 CHAMPION D'EUROPE MASTER 3 - 60 kg EPF : 2005
                 CHAMPION D'EUROPE MASTER 3 - 56 kg EPF : 2006 2007
                 CHAMPION D'EUROPE MASTER 4 - 59 kg EPF : 2014 2015 2016 2017
                 CHAMPION D'EUROPE MASTER 4 - 59 kg EPF : 2017 2018 ( Raw )
           7° CHAMPIONNAT D'EUROPE   OPEN   - 56 kg EPF : 1997

                 CHAMPION EUROPEEN MASTER 3 - 56 kg GPC : 2006

                 CHAMPION DE FRANCE MASTER 3 - 56 kg FFHMFAC : 2004 2005 2006 2007
                 CHAMPION DE FRANCE MASTER 3 - 60 kg FFHMFAC : 2008 2009
                 CHAMPION DE FRANCE MASTER 3 - 59 kg FFHMFAC : 2014
                 CHAMPION DE FRANCE MASTER 4 - 59 kg FFForce : 2016 2017
                 CHAMPION DE FRANCE MASTER 4 - 59 kg FFHMFAC : 2015 ( Raw )
                 CHAMPION DE FRANCE MASTER 4 - 66 kg FFForce : 2018 ( Raw )
                 CHAMPION DE FRANCE MASTER 2 - 56 kg FFHMFAC : 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
                 CHAMPION DE FRANCE  OPEN    - 56 kg FFHMFAC : 1996 1997 1998 1999 2000

             VAINQUEUR DE LA FINALE FRANCE MASTER 3 - 56 kg   GPC   : 2006

                        RECORD DE FRANCE MASTER 2 - 56 kg IPF : 135,0 kg
                        RECORD DU MONDE  MASTER 3 - 56 kg IPF : 130,0 kg ( record mondial Vétéran 5 GPC : 125 kg )
                        RECORD DU MONDE  MASTER 4 - 59 kg IPF : 120,0 kg
                        RECORD D'EUROPE  MASTER 3 - 60 kg IPF : 135,0 kg( record mondial Vétéran 5 GPC : 130 kg )  
                        RECORD D'EUROPE  MASTER 4 - 66 kg IPF : 107,5 kg
( RAW )   

                                   PHOTOS GALLERY

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                                     INTERVIEW
             réalisée par Pascal Girard, pour le site ( Juin 2005 )

     Pascal : Pierre, peux-tu nous dire quel est ton parcours sportif ? As-tu pratiqué d’autres sports avant la force et comment es-tu venu à ce sport ? 
     Pierre : Gamin, je passais des heures à faire des pompes, des tractions sur des branches d'arbre et des équilibres sur les bras. De 10 à 15 ans, j'ai pratiqué en compétition le sport boules c'est-à-dire le Jeu Lyonnais : 1ère passion sportive. A 16 ans, j'ai commencé à jouer au tennis et après une longue et modeste carrière ( meilleur classement à 30/2 ) j'ai rangé définitivement ma raquette à l'âge de 57 ans à la suite d'une blessure : 2ème passion sportive. Parallèlement, à 18 ans, j'ai signé dans un club de football et j'ai pratiqué ce sport comme ailier droit puis milieu de terrain jusqu'à l'âge de 46 ans : 3ème passion sportive.  
     Pascal : Comment es-tu venu à la musculation ? 
     Pierre : C'est pour améliorer mes performances au tennis et au foot que j'ai commencé à fréquenter les salles de musculation vers 30 ans à raison de 2 séances/semaine. En 1989, j'ai pris une adhésion à l'OSH Haltérophilie ( Omni Sports Hyèrois ) et là, j'ai découvert l'haltéro et la force athlétique. Le Président Entraîneur de ce club, me trouvant des possibilités, m'a encouragé à suivre un entraînement plus spécifique et j'ai donc commencé l'apprentissage des squats , du développé couché et du soulevé de terre. A mon arrivée dans ce club je ne connaissais que le D.C et je plafonnais à 72,5 kg depuis plusieurs années. Deux ans après, je réalisais 100 kg au squat , 100 kg au D.C et 110 kg au soulevé de terre.   
     Pascal : Raconte nous comment tu as créé ton club ? 
 
     Pierre : En 1991, j'ai eu la possibilité de monter une salle à l'Hôpital de Hyères - où j'exerçais la profession de Cadre Infirmier - le Directeur m'ayant autorisé à transformer et aménager d'anciens vestiaires du Personnel en salle de musculation. Nous n'étions que deux, mon ami Patrick BROTONS - Infirmier de Bloc Opératoire - et moi-même et nous n'avions aucun moyen financier. Autant dire que la salle était très dépouillée au tout début. Les premiers hospitaliers qui nous ont rejoints nous ont offert les appareils qui dormaient dans leurs appartements et avec l'argent des cotisations nous nous sommes équipés petit à petit. Je m'entraînais donc sur mon lieu de travail mais après mes heures de travail, bien entendu ! Je continuais à l'OSH qui était affiliée à la Fédération et j'ai commencé à pratiquer la compétition en force athlétique. Les premiers titres départementaux et régionaux sont arrivés très vite suivis des premiers titres de Champion de France en F.A. et en D.C. En 1995, l' ASL HOPITAL de HYERES devenait un vrai club et s'affiliait à la Fédération Française d'Haltérophilie. J'en devenais le Président en cumulant - comme beaucoup de bénévoles - les fonctions d'Entraîneur, de Trésorier, de Secrétaire et de Responsable du ménage ! Depuis le club a grandi mais très raisonnablement et s'est bien structuré. 
     Pascal : Depuis 1994, tu as remporté 11 titres de Champion de France Masters et 5 titres de Champion de France open, 3 fois champion d'Europe, 5 fois champion du monde ... Tout cela dans la même catégorie … On a l’impression que les années n’ont aucune prise sur toi, quel est ton secret ? Qu’est ce qui te motives et te pousse à être toujours aussi fort et à continuer de progresser ? 
     Pierre : Ma longévité sportive s'explique sans doute par des dispositions naturelles à vieillir moins vite que les autres ( mais je vieillis quand même, mes rides et mes cheveux blancs sont là ! ) et sans doute aussi par le fait que j'ai toujours eu une activité débordante. Je ne supporte pas l'oisiveté et je ne me sens bien que lorsque j'entreprends plusieurs choses en même temps. J'ai également développé un esprit de compétition " hypertrophié " par les années passées sur les courts de tennis, sur les terrains de boules, sur les stades de foot et dans les salles, esprit qui me pousse à toujours chercher à m'améliorer au grand désespoir de ma famille et de mon médecin traitant !
     Pascal : Tu es toujours resté dans la même catégorie des 56 kg, est-ce difficile pour toi d’être toujours au poids ? As-tu une diététique particulière, prends tu des suppléments ?
     Pierre : Je pèse entre 55 kg et 57 kg depuis l'âge de 25 ans. Il faut tout de suite préciser que je ne mesure qu'1m56. J'arrive à me maintenir à ce poids de corps sans régime particulier mais en observant quelques règles diététiques de base. Je ne m'interdis aucun aliment et aucune boisson mais je mange et consomme avec une grande modération. Des portions modestes et rien entre les repas. J'évite tous les sucres rapides et ne mange que très rarement du pain, des pâtes et des pommes de terre. De plus, je me suis " fabriqué " un signal d'alarme qui se déclenche dès que la balance affiche plus de 57 kg ce qui arrive inévitablement pendant les fêtes de fin d'année. Je me mets alors au régime ( de famine ) et je perds très vite les kilos superflus. Il ne faut pas laisser à l'organisme le temps de s'habituer au gras : il ne veut plus le lâcher après ! 3 fois/an, je fais une cure de 21 jours de complexe vitaminiques et non-vitaminiques pour éviter les carences alimentaires éventuelles. Je prends Isoxan force. Je dois aussi avouer que je suis un gros fumeur et la consommation régulière de tabac permet d'éviter les prises de poids : une petite faim ... une cigarette. C'est sans doute le seul avantage de cette saleté de drogue.
     Pascal : Quels sont tes meilleurs souvenirs en compétitions ? As-tu des anecdotes à nous partager ?
     Pierre : Meilleurs souvenirs en compétition : mon tout premier titre départemental remporté en FA et ma première sélection internationale en DC ( Open en Suède en 1997 ) où j'avais réussi pour la toute première fois 125 kg. Et, bien sûr, mon premier titre mondial au Luxembourg en 2001 obtenu malgré une grave blessure qui m'a lourdement handicapé. Le tout petit 90 kg soulevé à ma première barre s'est avéré suffisant puisque mon seul adversaire dans cette catégorie de poids a eu la malchance de faire une bulle. Il doit donc y avoir un Dieu pour certains sportifs !
     Pascal : As-tu une anecdote à nous partager ?

     Pierre : Plus grande peur : Au Texas, lors des 2ème Championnats du Monde. Un concurrent étranger, dans une grosse catégorie de poids, avait réussi une très belle barre à 265 kg et avait demandé une 4ème barre à 300 kg. Applaudissements nourris et grand silence dans la salle. Le passeur lui dépose la barre qui chute immédiatement vers la poitrine du concurrent incapable de la maîtriser. Les pareurs ont rattrapé la barre à quelques centimètres de la cage thoracique de cet athlète qui était tout prêt de finir ses jours sous la barre.
     Pascal : Tu utilises comme tous les compétiteurs une combinaison de couché, qu’est ce que cela t’apporte ? 
     Pierre : J'utilise - comme tous les compétiteurs - une combinaison spécifique de développé couché. C'est obligatoire pour être à égalité de chances avec les autres concurrents. Je pousse 10 kg de plus avec mais je suis totalement contre et je rêve du jour où les fédérations nationales et internationales décideront d'interdire tous les équipements : combinaisons, bandes de genoux, protège-poignets, ceintures ... A ce moment là nous serons tous vraiment à égalité. Celui qui n'a pas les moyens de se payer un équipement et de le renouveler ne peut pas rivaliser avec les mieux équipés. Si on arrive à supprimer tous les équipements, il faudra, bien sûr, effacer tous les records établis et il faudra en profiter pour n'homologuer que les records établis avec contrôle antidopage négatif.
     Pascal : Avec ton gabarit : la position des mains, la cambrure, la technique sont-ils des éléments important dans ta performance … 
     Pierre : Personnellement, j'utilise une prise de barre serrée à cause de ma petite envergure, j'inspire fortement au moment du décroché de barre, je me mets en apnée bras tendus et coudes verrouillés et j'attends 2 à 3 secondes après le signal de départ de l'arbitre pour commencer la descente de la barre. C'est donc moi qui choisit le bon moment pour débuter le mouvement. Ma descente est assez rapide, le posé de la barre se fait au niveau des mamelons et après le temps d'arrêt obligatoire, je pousse de toute mon énergie en commençant l'expiration à mi-parcours. Cette technique s'est peaufinée avec l'expérience. A mes débuts ma prise de barre était très serrée sollicitant fortement les triceps dès la descente et surtout je partais immédiatement au signal de départ de l'arbitre en n'étant pas toujours prêt. Je reste persuadé qu'il faut très vite enseigner la bonne technique ( en l'adaptant bien sûr à la morphologie de chacun ) aux débutants, les corriger sans relâche et n'accepter aucune barre qui n'ait été montée dans les règles. Il faut sanctionner en particulier les soulevés de fesses, les montées de barre par à-coups, l'absence de verrouillage des coudes en début et en fin de mouvement et l'absence de stabilité des pieds. Les progrès passent par la bonne acquisition de la technique et en compétition la technique parfaitement maîtrisée empêche les désillusions.
     Pascal : Quel est ton programme d’entraînement : fréquence, exercices, séance de couché …
     Pierre : A l'ASL Hôpital de Hyères, l'entraînement se fait à raison de 3 séances de DC par semaine les Lundis, Mercredis et Vendredis. Toute l'année. La séance dure entre 1 h 30 et 2 h 30 suivant le programme à réaliser. Un entraînement court comporte un échauffement avec des séries longues et légères ( 10 à 40% du maxi , 10 à 50% , 10 à 60% , 5 à 80% ) puis des séries plus courtes à 85% , 90% , 92 et 95%. L'entraînement long nous fait multiplier les séries courtes et se termine par les mêmes séries longues et légères mais dans l'autre sens. Il s'agit donc d'un entraînement classique de type pyramidal qui a l'avantage de solliciter, à chaque séance, les deux types de fibres musculaires. Deux mois avant les grandes échéances nationales et internationales, nous passons à 5 ou 6 entraînements par semaine. Les Mardis, Jeudis et Samedis nous ne faisons pas de DC mais nous travaillons les jambes ( cuisses et mollets ), les dorsaux, les épaules, les abdominaux, les lombaires et les biceps. Durant cette période nous procédons une fois tous les 15 jours à des tests en reproduisant les conditions de compétition : combinaison de DC, arbitres, passeur et pareurs. Ces tests nous permettent de décider de notre première barre pour la compétition à venir et fixent notre objectif. A noter qu'en 10 ans de compétition il n'y a eu qu'une seule bulle à déplorer alors que nous avons eu jusqu'à 10 athlètes dans toutes les compétitions ( du premier pas aux compétitions internationales).
     Pascal : J’ai remarqué qu’il y avait toujours une très bonne ambiance dans les compétitions masters ( France et International ) : qu’en penses-tu et comment tu l’expliques … Peux-tu nous parler de l’ambiance en équipe de France lors de vos déplacements … A voir certaines photos des Mondes Masters cela n’a pas l’air triste…
     Pierre : L'ambiance dans les compétitions internationales est, dans l'ensemble, bonne voire très bonne mais est très dépendante des membres qui composent l'Equipe de France. On peut par exemple apprécier une année une très grande solidarité et déplorer l'année suivante son absence totale ! Aux derniers Championnats du Monde, José Russo et moi-même, nous avons fait nos barres en étant coaché par Bernadette Andréani et Maryse Suire. Seuls Laurent Durocher , varois comme nous et mon ami Claude Sitruk nous ont manifesté leurs encouragements. Peut-on dans ces moments là parler d'Equipe de France ?
     Pascal : Dans ton club d’Hyères vous êtes plusieurs internationaux avec José Russo, Bernadette Andréani, Maryse Suire … est-ce que cela vous motives à l’entraînement, cela doit être agréable d’être plusieurs du même club à participer ensemble aux mêmes compétitions nationales et internationales …
     Pierre : C'est à la fois une grande fierté et un grand bonheur d'être 4 du même club à participer ensemble à toutes les compétitions. Cela peut s'avérer très utile aussi. On arrive à s'équiper ( les combinaisons sont difficiles à mettre ) et à se coacher mutuellement sans avoir recours aux autres. C'est aussi très motivant de s'entraîner en ayant les mêmes objectifs et très agréable de tout partager lors des déplacements à l'étranger : voyages en train, en avion, en car, chambres d'hôtel, repas et sorties. Le seul revers de la médaille est d'ordre financier : il me faut, chaque année, arriver à financer ces déplacements longs et coûteux. Nous ne disposons que de 1200 euros de cotisations ( 10 adhérentes en gymnastique Dames à 30 euros et 15 adhérents en Force Athlétique à 60 euros ). Heureusement que nos succès en compétition nous font bénéficier d'aides versées par le Comité du Var et par l'Amicale de l'Hôpital et de subventions plus conséquentes allouées par la Municipalité de Hyères et par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports. Il faut quand même chaque fois convaincre et monter des dossiers "en béton". Il faut pouvoir aussi avancer les fonds puisque les aides et subventions arrivent toujours après. C'est épuisant et risqué et je ne suis pas sûr de pouvoir tenir bien longtemps sans faire un infarctus ou sans provoquer une faillite fatale au club ! La Fédération Française d'Haltérophilie ne peut-elle rien faire pour ses licenciés qui font briller ses couleurs à l'étranger ? A voir le comportement d'autres nations comme les Etats Unis d'Amérique, le Japon et la Russie, j'ai comme l'impression que toutes les fédérations n'ont pas notre politique.
     Pascal : Quels conseils donnerais-tu à un jeune compétiteur où à un vétéran ?
     Pierre : Je pense qu'il y a surtout deux conseils à donner en priorité à tout sportif désirant pratiquer en compétition qu'il (elle) soit Jeune, Open ou Vétéran : 1° il (elle) doit s'assurer que son état de santé est compatible avec les exigences de la compétition et pour cela se rendre dans un Centre Médico Sportif pour un certificat médical de non contre-indication assorti d'une épreuve d'effort ( bilan à pratiquer au moins une fois par an ). 2° il (elle) doit prendre connaissance de la loi 99 223 du 29 Mars 1999 relative à la protection des sportifs et à la lutte contre le dopage et la respecter de façon absolue. Ensuite, il suffira à l'entraîneur de familiariser le compétiteur à notre discipline ( catégories d'âges et de poids, minimas, règles de compétition, records ... ) et de l'accompagner dans son entraînement pour le faire progresser pas à pas en lui apprenant à se fixer des objectifs raisonnables et réalisables. J'insiste sur l'acquisition de la bonne technique dès le début. On ne peut jamais prédire une grande carrière sportive même si le débutant semble posséder de grosses possibilités. Pour réussir au plus haut niveau, il faut des qualités physiques et mentales et un facteur non maîtrisable : la chance.
     Pascal : Depuis 2005, notre sport est reconnu comme sport de haut niveau, qu’en penses-tu et qu’est ce que cela va pouvoir apporter à notre discipline ?
     Pierre : La Force Athlétique reconnue comme Sport de Haut Niveau et faisant son entrée dans les disciplines olympiques : un pratiquant licencié à la FFHMFAC ne peut qu'applaudir. C'est une reconnaissance officielle, un grand bond en avant pour notre sport. Il va enfin sortir de l'anonymat et nous pourrons dans quelques années participer à des compétitions devant un vrai public. Actuellement les spectateurs sont aussi compétiteurs ou très proches des compétiteurs ( dirigeants ou familles ). Un Master 3 ne peut que regretter d'avoir 40 ans de trop ! Les athlètes inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau vont pouvoir bénéficier de stages réguliers, d'un suivi médical sérieux, d'aides financières, d'aides à la formation et aux concours, d'aides à l'insertion professionnelle et aux aménagements d'emploi. Notre fédération va devoir rapidement mettre les bouchées doubles pour : 
             1° développer une politique de communication visant à faire connaître notre discipline. Si notre sport reste inconnu du grand public , on le doit peut-être à la presse nationale écrite et télévisée qui nous a toujours ignorés mais sans doute aussi à nos instances fédérales qui n'ont pas su nous valoriser. Dans les pays étrangers organisateurs de championnats internationaux des équipes de télévision filment les compétitions, la presse écrite relate l'événement mais aucune image et aucune ligne n'arrive à passer la frontière pour arriver en France. Peut-être devrions-nous nous aussi prendre en charge plus de compétitions de niveaux européen et mondial. Bravo à La Garde pour son prochain mondial Jeunes 2007. 
             2° mettre en place une politique efficace de lutte contre le dopage et pour cela trouver les ressources nécessaires pour multiplier les contrôles même dans les compétitions de petit niveau. Ne pas accepter un Championnat de France sans contrôle anti-dopage. Lors du dernier Championnat à Mons en Baroeul un représentant de notre club ( José Russo ) a réalisé 135 kg à sa troisième barre et 137,5 kg sur une quatrième barre : nouveaux records de France et d'Europe. Je doute que l'EPF homologue ce record puisqu'il n'a pas pu être validé par un contrôle antidopage. En 1999 au Championnat d'Europe au Luxembourg il m'est arrivé la même mésaventure : 135 kg à ma troisième barre jamais homologuée comme record d'Europe et du Monde en Master 2. Jusqu'en 2004 je détenais les records avec 130 kg soulevés en 98 en Autriche où, là, j'avais été contrôlé. C'est un Allemand , avec 131 kg réalisés en Slovaquie en 2004 qui m'a " piqué " le record en n'étant encore loin de mes 135. Aberrant et inadmissible ! 
             3° sélectionner plus d'athlètes en Open International pour les confronter aux autres compétiteurs étrangers et les aguerrir en vue des grandes échéances. Il n'est quand même par normal d'envoyer une équipe de France composée de 3 ou 4 éléments alors que d'autres athlètes ont le niveau International A ou B.
     Pascal : Depuis quelles années il y a une diminution des féminines et des jeunes dans notre sport … heureusement nous avons la joie d’avoir encore beaucoup de masters performants qui nous montrent que le couché est un sport de longévité … quel serait selon toi les axes pour rendre notre sport plus populaire en France ?
     Pierre : Effectivement, on peut noter et déplorer une baisse sensible des jeunes pratiquants dans notre sport. Je l'ai déjà dit, notre discipline est insuffisamment médiatisée et donc, par voie de conséquence, peu attractive. De plus, elle est exigeante et surtout non ludique. Il faut des centaines d'heures d'entraînement dur, fastidieux pour progresser de quelques kilos et il est quand même plus agréable de " taper " dans un ballon de foot ou dans une balle de tennis que de soulever de la fonte. On ne joue pas à la Force Athlétique ou au Développé mais on joue au Rugby, au volley, au Hand ou au Basket. Autre élément malheureusement défavorable : on ne peut pas espérer gagner sa vie et encore moins faire fortune en pratiquant la FA ou le DC. Pour le moment, on ne peut ramener que des diplômes, des médailles et des coupes et, pour les Masters, un porte monnaie plus plat ! Bien sûr les Masters sont là, de plus en plus nombreux et performants en compétition, de plus en plus nombreux à tenir les rennes des clubs mais "ça " reste que des masters difficilement idéalisés par les jeunes. Quand on se met au tennis aujourd'hui on veut ressembler à Nadal et non pas à Borg ou Mc Enroe même s'ils sont toujours performants dans les tournois Masters. De même notre champion olympique Mimoun ne fait plus rêver même s'il reste un exemple. Alors que faire pour attirer les jeunes et les garder ? La reconnaissance de notre sport et son avenir olympique avec toutes les retombées financières et médiatiques qui vont en découler devraient très prochainement modifier les choses. Une excellente locomotive d'envergure internationale ( comme Lance Armstrong en cyclisme , Valentino Rossi en moto ou Zinedine Zidane en foot par exemple ) permettrait de faire décoller notre sport. Quel pays va fournir la première locomotive en Force Athlétique ?
     Pascal : Que penses-tu de la politique de l’IPF, de la lutte antidopage ? Est-ce que tu penses qu’un jour notre sport sera olympique ?
     Pierre : Mon avis sur la politique de l'IPF ? Je tiens d'abord à saluer l'initiative de la mise en place depuis 2001 des Championnats du Monde de Développé couché en Masters. Cela prouve l'intérêt de l'IPF pour notre discipline et la reconnaissance au plus haut niveau des Masters. Je regrette simplement que trop de compétitions internationales se déroulent dans les pays de l'Europe de l'Est. Les déplacements sont longs et coûteux et la communication difficile, le Français et l'Anglais n'étant pas beaucoup utilisés dans ces pays. Cette année - par exemple - le Championnat du Monde et le Championnat d'Europe sont organisés par la Tchéquie. La France, l'Allemagne et l'Angleterre qui envoient de grosses délégations à ces compétitions ne peuvent-elles pas les prendre en charge ? En ce qui concerne la lutte anti-dopage, je vais me répéter : il faut l'intensifier. Aucun tricheur ne doit passer les mailles du filet au niveau national et international. Il en va de la crédibilité de notre discipline et de son avenir. Un avenir olympique pour le DC ? Pourquoi pas ? C'est, quand même, la discipline qui se pratique dans toutes les salles et qui, en France en particulier, amène le plus de licences à notre Fédération.
     Pascal : Que penses-tu du fait que chez les Open, il n’y ai que 2 ou 3 athlètes sélectionnés pour les compétitions internationales ? Que penses-tu fait que les Masters doivent se débrouiller pour payer leur participation aux compétitions internationales et payer leur survêtement de l’équipe de France, que penses-tu de la politique de la FFHMFAC concernant les Masters ?
     Pierre : Pour les Open, j'ai déjà donné mon opinion mais je tiens à vous démontrer les différences qui peuvent exister entre les fédérations. La fille aînée de ma compagne, sélectionnée une fois en Equipe de France Jeunes ( elle avait 15 ans ) en Handball a eu droit à : un stage de préparation de 10 jours dans un complexe sportif et hôtelier 3 étoiles et en est revenue avec un équipement complet offert par sa Fédé comprenant 2 sacs de sport, des maillots, des shorts, des chaussures de hand et un superbe survêtement bleu blanc rouge. J'avoue avoir fait une crise de jalousie et avoir regretté mon âge et mon orientation sportive ! Pour les Masters en DC, mise à part, la logistique assurée par Mr Beaudoin ( réservation des pré-acheminements, des vols, des transports en navette et des chambres d'hôtel ) et la lettre de félicitations de Mr Hatot pour un podium, la FFHMFAC ne fait RIEN pour eux. Aucun soutien et aucune aide financière. Nous devons même acheter notre survêtement. Un comble pour des athlètes qui défendent avec brio les couleurs de leur pays. Dans un moment de révolte en 2003 en Tchéquie, nous avions demandé à la Fédé de prendre en charge les frais d'engagement et de contrôle anti-dopage . Nous aurions apprécié ce geste symbolique ( comme une reconnaissance officielle ) qui n'aurait pas grêvé le budget fédéral. Nous attendons toujours. Autre anomalie à signaler : les Masters partent sans vrai délégué de la Fédé. C'est toujours un athlète qui fait office de délégué alors que son objectif majeur est de réussir sa compétition. Et que dire du malheureux qui a trois casquettes : délégué, arbitre et compétiteur ! Il faut avoir un moral d'acier et des épaules très solides pour gérer toutes ces fonctions. Pour conclure, je dirais que le DC semble être le parent pauvre et mal aimé de la FFHMFAC et le DC pratiqué par des Masters le futur banni. J'ai déjà fait part de mon étonnement à notre Président sur le manque d'articles consacrés à notre chère discipline dans la revue fédérale.
     Pascal : Quels sont tes objectifs pour la suite … Est-ce que tu re-participeras à un championnat d’Europe ? Combien espères-tu gagner de championnats du Monde ( nous espérons le plus possible ) ?
     Pierre : J'ai participé à 3 Championnats d'Europe ( 98 en Autriche, 99 au Lxembourg et 2000 en Lettonie ) et j'ai fait le choix des Championnats du Monde dès leur création en 2001. Les moyens financiers de mon club ne me permettant pas de faire chaque année deux déplacements à l'étranger . Mais comme toute règle a ses exceptions, je pars cette année aux Championnats d'Europe avec une autre athlète du club ( Maryse Suire ). J'ai réussi à obtenir une subvention supplémentaire qui nous donne l'opportunité de refaire l'Europe. Reste à trouver, d'ici fin Juillet, la personne qui acceptera de me faire un prêt sans intérêt de 1500 euro car la subvention ne me sera versée qu'en Décembre. Le train-train, quoi ! Je ne me suis fixé aucune date pour arrêter les compétitions. Je continuerai tant que mon état de santé le permettra, tant que ma famille fermera les yeux sur ma passion dévorante et aussi et surtout tant que je resterai performant. Mon seul souhait étant de ne pas faire la compétition de trop. Ce qui a failli m'arriver en Avril 2001. A la suite d'une rupture totale d'un tendon ( le sus-épineux ) de la coiffe des rotateurs de l'épaule droite, les médecins consultés m'avaient condamné pour le DC. Un orthopédiste, spécialiste de la chirurgie sportive des épaules, a accepté de m'opérer en y mettant des réserves. Il avait fait plusieurs réinsertions tendineuses mais sur des épaules de sportifs jeunes essentiellement des joueurs de Rugby ou sur des épaules de personnes âgées qui n'avaient pas l'intention de jouer avec la fonte mais qui souhaitaient simplement pouvoir lever le bras pour se raser ou se coiffer. Il m'avait dit que, de toute façon, même si je voulais recommencer ce sport je mettrai deux ans pour arriver à 80 % de mes performances et que je n'irai pas plus loin. Ce qui me laissait espérer refaire des barres à 107,5 kg. Un mois d'hospitalisation et trois mois de rééducation très douce. Quand j'ai repris une barre vide, je n'ai pas pu la descendre de 10 cm. Je me suis accroché, j'ai serré les dents et dix mois après lors des 2emes Monde j'ai monté 120 kg. L'année suivante 125 kg en Tchéquie et 130 kg en Slovaquie à 96% de mon record personnel. Il ne faut jamais désespérer, le Dieu des sportifs veille.
     Pascal : Merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à mes questions et bonne continuation !

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